1872 |
19 février 1872
Alfred de Falloux à Couvreux (abbé)
19 février 1872
Cher Monsieur l'abbé,
je continue à n'avoir d'autres nouvelles d'Antoine et de son livre1 que celle qui me viennent par vous, et dont je ne puis assez vous remercier quoiqu'elle soit loin d'être ce que je désirerais.
J'ai reçu hier votre dépêche télégraphique, et ce matin seulement une épreuve sous enveloppe, sans rien qui m'indique si c'est la première ou la seconde. Je me la suis fait lire aussitôt, et j'y applaudis de tout cœur. Je ne me rends même pas bien compte qu'un notre sentiment puisse se produire, et que des difficultés puissent donner lieu à des avis contradictoires. Si c'est par défaut de mon intelligence, éclairez-moi.
Je ne comprends pas davantage ce matin le langage de l'Union envers le manifeste de la droite2. Peut-elle donner à penser que Monsieur le Comte de Chambord autorise ses amis à signer un acte dont il n'autorise pas l'intention et la pensée ? Cela serait étrange. En tout cas, la lettre projetée par Monseigneur [Dupanloup] me paraît plus nécessaire et plus désirable que jamais.
Votre très reconnaissant.
Alfred.
P. S.
Par un malentendu dont je suis seul responsable, je découvre, après ceci écrit, un mot de Monseigneur [Dupanloup] lui-même joint à l'épreuve. Je suis trop peu versé dans la question Suisse pour savoir quelle est la chance de succès d'une campagne contre l'unitarisme3 ; mais la thèse en elle-même et si conforme aux vieilles traditions de la Suisse les intérêts de la vraie liberté que je ne puis regretter de la retrouver sous la plume qui a défendu toutes les grandes causes de ce temps. Du reste, je vais y réfléchir encore, et demain j'écrirais directement un mot à Monseigneur.