Année 1866 |
19 juillet 1866
Alfred de Falloux à Marie de Falloux
19 juillet 1866
Chère Marie,
je veux vous dire moi-même ce matin ma crise, après avoir été très aigu durant quelques heures, a été plus courte que je ne m'y attendais. J'y ai gagné de consacrer la journée tout entière au repos et de visiter le parc de Lathan1 qui est un des plus beaux que l'on puisse voir. Seulement Henri de la Bouillerie2, dont l'élection au conseil général a été très combattue, est fort expert dans cette besogne. Il veut me conduire lui-même dans plusieurs lieux qu'il dit fort important et nous partons tout à l'heure. Il va en résulter par-dessus ma crise d'hier 48 heures de retard dans mon arrivée à Beaufort. Je vais donc continuer à être séparé de toute correspondance et à vous écrire sans recevoir vos lettres. Je commence à craindre même très sérieusement de ne pas revenir au Bourg d'Iré du tout, car le plan de mes principaux conseillers serait que je renonçasse tout à fait à Segré et que je prenne un quartier général à Baugé pour les derniers jours de la lutte auxquels ils attachent le plus d'importance.c'est la marche que va suivre M. Berger. Je n'y suis point encore résigné, mais en tout cas il devient de plus en plus probable que je passerai à peine cinq minutes au Bourg d'Iré, si je les y passe.je vous envoie le petit mot ci-joint pour que vous me le gardiez bien précieusement et qu'il ne reste pas confondu avec toutes ma paperasserie électorale. Voilà la pluie et le temps doux qui s'établissent. Je vous embrasse toutes trois avec mille et mille tendresses.
Alfred.