1873 |
15 septembre 1873
Alfred de Falloux à Pauline de Castellane
Bourg d'Iré, 15 septembre 1873
Chère Madame,
Nous avons reçu hier de mon frère1 une dépêche télégraphique datée de la veille qui nous annonce la priorité de Rochecotte, sans nous en dire le jour. Nous supposons néanmoins qu'il est, à cette heure-ci près de vous, et nous vous demandons de vouloir bien vous faire vous-même l'interprète de nos feux très vifs, pour qu'il ne prolonge pas son séjour dans votre cher capoue. Veuillez ajouter combien il m'en coûte de ne pas aller au-devant de lui et prés de vous, mais vous saurez lui dire comment se passent tous mes commencements de visite : 24 heures dans mon lit seraient probablement tout ce que je lui apporterais, ou bien, si lui et moi nous prolongions davantage Mme de Caradeuc, Marie et Loyde seraient tout à fait sacrifiés. Elle comptent donc, au contraire, sur votre intervention désintéressée en leur faveur, et je vous la demande aussi pour ma propre consolation. Veuillez ne pas m'oublier non plus auprès de M. Rossi2. Sur qui je compte également pour que la part du Bourg d'Iré soit faite le plus promptement et le plus largement possible. Je demande aussi à mon frère de ne pas s'arrêter à ranger, sauf pour visiter le palais des Jacobins, si cela l'amuse, mais en se faisant venir une voiture de Georges3 à la gare pour ne perdre aucune minute, comme vous savez si bien faire, chère Madame, quand vous prenez la même route. Veuillez lui raconter les derniers traits de l'évêque d'Angers envers l'hospice Swetchine4. Il l'oubliera, s'il a quelque affaire religieuse à traiter avec lui ; s'il n'en a pas, il sera bien que ce n'est pas pour acquitter mes propres dettes envers M. Freppel qu'il devra retarder notre grand bonheur du revoir. Vous avez dû recevoir hier un Mercure Segréen, que je vous ai envoyé pour Fîtz-James5, car le Falloux vous était porté par l'Union de l'Ouest et l'Assemblée nationale.
Vous aurez reçu sans doute aussi un Rességuier qui est très piquant et très direct sur M. Thiers, dans une lettre aux électeurs du Gers. Je félicite beaucoup Bertou pour la Gazette, mais je joins ici une observation que je crois importante, s'il réédite ses articles en brochure pour l'Assemblée, comme je lui en ai connu l'intention.
Les nouvelles de la politique fusionniste deviennent de plus en plus tristes. Le comte de Chambord insiste en ce moment l'intrusion à aucun degré. Espérons néanmoins qu'on ne se découragera pas et qu'on tiendra bon entre la colère et l'abandon aveugle. Je demande à Rochecotte, si bien au complet, je l'espère, la permission d'embrasser tout le monde sans exception. Au revoir, au revoir.
Alfred.
Marie est toujours dans le même état.