Année 1857 |
14 janvier 1857
Pierre-Antoine Berryer à Alfred de Falloux
Mercredi 14 janvier [1857]
Mon bon ami, je venais de recevoir votre très aimable lettre quand M. Fontaine1 a pris le soin de me remettre le manuscrit2 que je vais lire avec grande attention. Vous comptez sur les susceptibilités de mon amitié et elle ne vous fera pas faute ; c'est le seul secours que je peux vous offrir. Je veux que le succès soit complet de toutes parts, je le veux pour vous et pour nous et pour tous. Ne prenez pas soin de l'état où sont tombées, ce semble, nos espérances. L’œuvre à laquelle nous avons travaillé vous et moi avec un même zèle et pour laquelle M. Molé nous secondait habilement et puissamment est une œuvre si juste, si honnête, si nécessaire que nous avons bien le droit de dire qu'elle est achevée parce qu'il faut qu'elle le soit. Les événements qui surgissent je en sais quand ni comment, mais qui surgiront infailliblement ne pourront que la mettre au grand jour ; et en attendant nous devons dire à qui la conteste, à qui épilogue, à qui crée des difficultés en suscitant de puériles querelles : êtes-vous fou d'avoir un pareil démêlé ? Vous dire cela n'est-ce pas sagement et fermement.
J'ai recommandé à M. Fontaine de ne dire à personne qu'il m'avait remis ces papiers. La témérité des observations que je vous ferai peut-être, sera donc ensevelie entre vous et moi, comme ce témoignage de votre confiance tout fier que j'en suis.
Au revoir, mon ami, dites mes hommages respectueux à Madame de Falloux et croyez toujours au tendre attachement qui me rend si chère votre amitié, votre santé, votre gloire.
Tout à vous
Berryer.
