CECI n'est pas EXECUTE 12 octobre 1855

Année 1855 |

12 octobre 1855

Albert de Rességuier à Francisque de Corcelle

Bourg d'Iré, 12 octobre 1855

Mon excellent et très cher ami,

Me voici en un lieu où vous devez regretter de ne pas être aussi, car on vous y aime fort et on serait bien heureux de vous y tenir. Nulle part, d'ailleurs, on ne respire un plus grand air chrétien et patriarcal. Tout ce qui se voit ici du château au village, du salon à la ferme, de la chapelle à l'étable est en si parfaite harmonie que l'âme s'y repose singulièrement de toutes les dissonances dont elle est importunée et troublée en tout endroit. J'y suis avec mes filles et je jouis doublement de l'impression salutaire et profonde que leur fait ce bien être général qui prend sa source dans le cœur du châtelain et de la châtelaine et qui rayonne de là jusque sur la physionomie de leurs bœufs.

La santé est malheureusement leur côté toujours faible et le seul par lequel on retrouve, dans ce paradis terrestre, les suites de la faute du premier. Notre ami1 qui continue à se bien trouver des exercices de la vie agricole, est très promptement fatigué par ceux de la vie intellectuelle ; il a surtout grand peine à écrire. C'est ce qui m'a fait solliciter avec d'autant plus d'empressement le plaisir que j'y trouve en ce moment. Je me suis chargé de vous donner des nouvelles de M. Sauzet. Il s'annonce ici positivement pour la semaine prochaine ; du 15 au 20, écrit-il. La perte d'un neveu l'a retenu jusqu'à présent dans sa famille et il compte, en venant au Bourg d'Iré, s'arrêter à Orléans où il ignore qu'il ne trouvera pas l'évêque2. Ses dispositions semblent, du reste, tout à fait conformes aux vôtres. Dés qu'il se sera  expliqué sur le fond des choses et sur la forme à donner à l'avis motivé qui vous est demandé, vous en serez informé. Falloux, considérant l'ouverture qui lui a été faite par son frère3 comme une réponse indirecte à votre lettre, serait assez disposé à adresser à votre correspondant la réplique collective qu'on semble désirer.

Puissiez-vous réussir à dégager et le Pape et l’Église des compromettants solidarités qui font obstacle au bien que le bon Dieu est si disposé à nous faire !

Mon hôte me charge de vous dire que le travail de M. Ampère lui semblerait, comme à vous, une inestimable bonne fortune pour le Correspondant et qu'il compte sur vous pour ne pas la laisser échapper.

Mille et mille assurances affectueuses et dévouées. Mes respectueux hommages à Madame de Corcelle4.

A. de Rességuier.

Notes

1Alfred de Falloux.
4Mélanie de Corcelle, née de Lasteyrie du Saillant (1809-1895), épouse de F. de Corcelle depuis 1831.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «12 octobre 1855», correspondance-falloux [En ligne], Année 1852-1870, Second Empire, Année 1855, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES,mis à jour le : 16/09/2013