CECI n'est pas EXECUTE 4 août 1861

Année 1861 |

4 août 1861

Pierre-Antoine Berryer à Alfred de Falloux

Augerville-la-Rivière, 4 août 1861

Mon bien cher ami, je viens de traverser péniblement trois semaines dans les lourdes occupations que m'imposait le procès de l'évêque de Moulins1 et dans les soucis que m'a donnés le chagrin de ma belle fille2 qui vient d'avoir le malheur de perdre son père. J'ai été fort allant et venant d'un lieu à un autre sans guère prendre de repos et pourtant je me reproche bien de n'avoir pas pu trouver un moment pour vous écrire et solliciter de vos nouvelles. J'en ai reçu hier par Hilaire de Lacombe qui m'assure que les eaux de Royat3 nous sont bienfaisantes et que vous éprouvez une grande amélioration dans votre santé. Confirmez moi ces heureux renseignements. J'ai vu, il y a peu de jours, Mgr l'évêque d'Orléans avec qui j'ai eu la joie d'échanger l'expression du profond attachement que nous vous avons voué l'un et l'autre. C'était le jour de la distribution des prix au petit séminaire de la chapelle ; mon petit Henry4 y a reçu une couronne d'encouragement et mon neveu Georges5 m'a fort recommandé de vous dire qu'entré trop tard à la chapelle pour pouvoir concourir aux prix cette année, il avait cependant obtenu une mention honorable.  

Voilà, mon cher ami, quant à présent mes seules nouveautés dont je puisse parler avec intérêt. Je n'ai pas reçu le moindre signe de vie d'outre-Rhin. J'ignore si M. le duc de Lévis6 est encore de ce monde, mais je voudrais bien savoir comment on vous fait connaître que votre excellente réponse était parvenue à son adresse.

De ce silence gardé envers vous et envers moi, certes je n'avais aucune rancune au cœur quand devant la cour d'Amiens j'ai parlé de l'exil et des exilés. J'ai aussi il est vrai produit librement notre pensée politique. Avez-vous lu quelque chose de tout cela dans le compte rendu un peu informe que l'Union a publié.

Répondez-moi, mon très cher ami, mais ne me parlez surtout que de la vie que vous menez à Royat, du régime des eaux et du bien être que vous en ressentez.

A vous de tout cœur.  

Notes

1Dreux-Brézé Pierre Simon Louis Marie de (1811-1893), prêtre depuis 1825, puis vicaire général et chanoine honoraire de Paris, il s'y distingua comme prédicateur avant d'être nommé, le 28 octobre 1849, évêque de Moulins. D'opinion ultramontaine et légitimiste, il avait eu maille à partir avec les curés de son canton qui lui reprochaient son autoritarisme. Jugées illégales, certaines de ses décisions à leur encontre lui avaient valu d'être traduit, en 1857, devant le Conseil d'État. L'affaire avait abouti à un appel comme d'abus. Berryer assurait la défense du prélat.
2Noémie de Gailhard de Montélimart, épouse de son fils unique, Arthur (1819-1905).
3Falloux effectuait un séjour à Royat (Puy-de-Dôme), où les eaux de cette station thermale semblaient susceptibles d'atténuer sinon de résoudre ses crises névralgiques.
4Henry Berryer, son petit-fils.
5Georges Berryer (1848-1921), il sera avocat à la Cour d'appel de Paris.
6Lévis Gaston François, duc de Lévis et de Ventadour (1794-1863), homme politique. Fidèle serviteur du comte de Chambord, il faisait office de ministre de la maison du roi.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «4 août 1861», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, Année 1861, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES,mis à jour le : 06/10/2013