1884 |
27 juin 1884
Guillaume Meignan à Alfred de Falloux
Tours, le 27 juin 1884
Monsieur le Comte,
Qui aurait pensé quand, à Rochecotte, nous nous entretenions de la gracieuse et généreuse hospitalité du cardinal, votre frère, à Rome, que nous étions à la veille de le perdre1 ?
La mort est singulièrement subite et meurtirère pour ceux dont la vieillesse fait ses victimes nécessaires. Nos contemporains et surtout nos aînés s'en vont en si grand nombre que j'en demeure terrifié. Mgr Maret, mon vieil ami, n'a précédé que de quelques jours votre éminent frère dans la tombe.
Grâce à Dieu ceux que nous pleurons étaient de véritables serviteurs de Dieu ; et nous pouvons espérer les revoir bientôt dans une vie meilleure. Toutefois, si consolante soit cette perspective, elle est bien austère ; et nous avons besoin de toute notre foi chrétienne pour y trouver un adoucissemet aux conditions de la vie qui nous reste.
Qui va continuer à Rome, à Naples, en Italie, les œuvres de charité de son Eminence le cardinal de Falloux ? Les pauvres prêtres à qui il fournissait une partie de la subsistance vont bien le pleurer, et prier pour lui.
Je m'associe à vos peines et à vos regrets. Je joindrai mes prières aux vôtres. Agréez, Monsieur le Comte, l'assurance de mon propre respect.
Guillaume, Arch[evêque] de Tours