1871 |
19 décembre 1871
Alfred de Falloux à Jules de Bertou
19 décembre 1871
Cher ami,
Voilà le gâchis qui se complique par la double faute des princes et de nos amis. Fresneau et Gambetta se donnant la main, au profit de M. Thiers pour aujourd'hui, et au pofit de Gambetta lui-même pour demain ! Jamais un malheureux pays n'aura été plus livré par ceux qui étaient chargés de le defendre, et nos généraux pendant la paix valent nos généraux pendant la guerre !
Je ne vous ai pas répondu au sujet de Trochu et de L'Union de l'Ouest, parce que cette réponse est trop souvent la même. Arthur [de Cumont] est à Versailles, Jules André1 règne et gouverne, et comme il est souvent malade (depuis trois semaines il est retenu chez lui par la jaunisse), il fait le Journal2 au fond de son lit, on le laisse faire par le tiers et le quart des sous-employés. L'Etoile devrait en profiter, mais elle n'est pas plus habile, et ses plus chauds partisans déclarent aujurd'hui qu'elle n'est pas lisible. Finis Polonia3 !
Marie va être très sensible à la mort de M. de Potra, que je ne lui ai pas encore annoncée. Le médecin m'interdit toute pensée de monter en chemin de fer, avant la fin de la smaine au plus tôt. Dès que ce plutôt sera venu, j'irai porter mon pauvre secours à l'Evêque d'Orléans, qui attend M. Guizot aujourd'hui, pour la discussion des titres. Il ne paraît nullement rassuré et invoque à grands cris le vote du P. Gratry.
Mille tendres tristesses.
Alfred.
1Il est le rédacteur en chef de L'Union de l'Ouest que dirige alors Arthur de Cumont.
2L'Union de l'Ouest.
3La polonia est une plante médicinale qu'utilisait A. de Falloux.