CECI n'est pas EXECUTE 12 mai 1874

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12 mai 1874

Alfred de Falloux à Jules de Bertou

Paris, 12 mai 1874

Cher ami,

Je suis bien heureux du retour au Bourg d'Iré, parce que c'est le signe d'une meilleure santé, et je vais tout de suite profiter de l'indication que vous avez la bonté de me donner sur le docteur Bonnet. Le refroidissement persévérant de la saison rend les renseignements indispensables, et Mme d'Auberville m'a promis en outre de m'en donner beaucoup sur les logements, qu'elle paraît connaître très bien. Je viens de mettre la commission de pendule dans les mains de Jardry1 ; celle des lampes et des bougeoirs est déjà faite. Le tout va donc partir ces jours-ci.

Le mariage Miramon-Fitz-James est annoncé2, et les présentations faites aux deux familles.

Nous n'avons pas trouvé le comte de Paris, Antoine [de Castellane] et moi, parce que je n'avais pas voulu être annoncé, le prince3 devant partir pour huit jours en Angleterre, et ma préférence étant toujours de ne pas voir les Princes afin de parler plus librement en leur honneur. Le comte de Paris n'est point entré dans mes vues, et il m'a fait dire par Antoine qu'il m'attendait hier chez lui à deux heures. J'étais hier victime de l'amour, c'est-à-dire dans mon lit avec une crise très aiguë, suite de toutes les ambassades du mariage Miramon. J'ai fait dire mon impossibilité absolue, et j'ai reçu pour réponse un billet du prince me disant très aimablement qu'il compte sur ma visite à son retour, la semaine prochaine. Cela ne m'empêcherait pas de partir pour le Bourg d'Iré si j'en avais fini avec M. Daru4; mais il est convenu que je lui montrerai ma rédaction, et je n'ai pas encore pu écrire une ligne dans le tohu-bohu incessant où l'on m'a plongé. Les nouvelles de l'Assemblée sont de plus en plus à l'apaisement. Laurentie est parti pour la campagne et ne lancera plus ses foudres que de loin, M. le Cte de Chambord en ayant retirés beaucoup d'électricité. Je n'ai pas encore reçu la Semaine religieuse, mais je n'en embrasse pas moins tout le monde.

Alfred.

1Secrétaire de Falloux.

2Marie-Yolande de Fitz-James (1855-1925) mariée le 25 juin 1874, avec Henri de Cassagne de Beaufort de Miramon (1852-1887).

3Philippe d'Orléans (1838-1894), comte de Paris.

4Daru, Napoléon, comte (1807-1890), fils de l’un des dignitaires de Napoléon Ier, polytechnicien et officier d’artillerie. Entré à la Chambre des Pairs en 1832 où il prit part activement aux débats (en particulier dans la question des chemins de fer) ; député de la Manche en 1848 et 1849 ; adversaire intransigeant de Louis-Napoléon, il fut arrêté en 1851 et se retira de la vie publique jusqu’en 1869, date de sa réélection comme député de l’opposition libérale (département de la Manche). Devenu l’un des chefs du centre gauche, il représenta cette tendance dans le ministère Ollivier du 2 janvier 1870. Après l’inauguration de l’Empire libéral, il fut nommé ministre des Affaires Étrangères le 2 janvier 1870, mais démissionne le 11 avril 1870. Élu à l’Assemblée nationale puis au Sénat ; devenu monarchiste il fut un ferme partisan de l’Ordre moral. Non réélu en 1879, il se retira de la vie politique.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «12 mai 1874», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1874,mis à jour le : 24/12/2019