CECI n'est pas EXECUTE 22 fevrier 1879

1879 |

22 fevrier 1879

Alfred de Falloux à Couvreux

22 février 1879

Cher Monsieur l'abbé

Je ne vous ai pas immédiatement envoyé la lettre d’Élie de Gontaut1 parce que j'attendais M. Letort2 dont la dernière consultation n'a pas été bonne. L'enflure qui avait presque disparu sous l'influence de quelques remèdes a beaucoup repris ; il faut donc augmenter les doses et en attendre l'effet ; pendant ce temps, Madame de Caradeuc3 se réjouit de votre arrivée et si nous n'avons pas de trop prompte aggravation, il serait cruel de s'en priver. Je ne vois donc rien de mieux à faire que d'écrire à Mr de Gontaut les deux vérités également vraies ; la première, c'est que sa visite nous causerait une grande joie et que coïncidant avec celle de Madame de Castellane et la vôtre j'en jouirais doublement, parce que je serais sûr du dédommagement de son déplacement ; la seconde c'est que je me réserve jusqu'au dernier moment la liberté de voir et de lui dire si un inconvénient, une fatigue sont redoutés par le médecin. Dans ce cas vous comprendrez tous mon devoir et vous me plaindrez beaucoup. Pour le moment le docteur ne met aucun veto ; mais lui aussi se réserve de juger ce que huit jours de plus ou de moins et la vigueur des remèdes peuvent amener. En tout cas, merci mille fois aux uns et aux autres dont l'amitié est assez persévérante et assez généreuse pour ne point s'éloigner d'amis si éprouvés et si incommodes !

Rien de nouveau ici par ailleurs. Les Candé5 se disposent à gagner Paris pour quelques mois ; les d'Armaillé6 avaient bien envie d'en faire autant, au moins Me d'Armaillé, mais ils sont plus accessibles aux inquiétudes de la politique et très probablement ne bougeront pas. Les bulletins du palais Ruspoli7 ne sont pas mauvais. La goûte et la jeunesse se disputent Rossi8, mais c'est la jeunesse qui l'emporte et la goûte bat en retraite.

Maintenant, cher Monsieur l'abbé, ne nous laissez pas manquer des nouvelles de Rochecotte, car nous voudrions bien ne pas rester sur les dernières qui sont loin de nous satisfaire et faites-vous à vous même une plus large part.

A. de F.

Nous renverrons les lettres : le facteur part.

 

1Gontaut-Biron, Elie de, vicomte (1817-1890), diplomate et homme politique. S'occupant d’œuvres charitables sous l'Empire, il entra en politique après le 4 septembre, se faisant élire en 1871 représentant des Pyrénées Orientales. Siégeant à droite, il se fit inscrire aux réunions Colbert et des Réservoirs. En janvier 1876, il fut élu au Sénat dont il sera membre jusqu'en 1883. Entre-temps, il avait été nommé par Thiers ambassadeur à Berlin, poste qu'il occupa du 4 janvier à sa démission en décembre 1877. Rentré dans la vie privée en 1882, il publia quelques articles remarqués dans le Correspondant, notamment (25 octobre 1889) contre l'alliance des monarchistes et des boulangistes.

2Médecin de Falloux.

3Emilie-Marie-Charlotte de Caradeuc, née de Martel (1801-1882), mère de Marie de Falloux.

5Paul Brillet de Candé (1837-1913) et son épouse Claire Brillet de Candé, née de Mieulle (1844-1886).

6Armaillé Louis de la Forest, comte d' (1822-1882).

7Le palais Ruspoli, à Rome, où son frère, le cardinal de Falloux est domicilié.

8Rossi Alessandro (1818-1898), industriel et homme politique italien. Monarchiste et catholique, il fut élu député en 1866 puis sénateur quatre ans plus tard.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «22 fevrier 1879», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1879,mis à jour le : 02/02/2020