CECI n'est pas EXECUTE 3 octobre 1867

Année 1867 |

3 octobre 1867

Alfred de Falloux à Jules de Bertou

10 mars 1867

Cher ami,

J'ai profité d'un peu de mieux pour écrire quelques lignes à M. de Juigné1. Veuillez lui répéter que sa lettre ne m'aurait pas prévenu si je n'avais pas été dans un état aussi piteux. C'est aussi ce besoin d'économie de ma tête qui fait que je n'écris pas par le même courrier à Mme de Castellane : j'espère que ce sera pou demain. Voilà le temps parfaitement radouci, et je vais faire aujourd'hui une grande promenade à pied qui va peut-être me remettre un peu.

J'ai reçu hier un mot d'Augustin Galitzin daté de Versailles et je lui ai aussitôt rendu le cri de joie reconnaissant envers Dieu qui s'était échappé de toutes les bouches à la vue du timbre et de l'écriture. Veuillez dire à Mme de St Aulaire2 combien nous avons tous été touché de son excellente lettre, et combien nous demeurons unis à ses regrets en même temps qu'à sa sollicitude pour M. de Langsdorff3. Je ne remercie pas moins Albert de Broglie pour tout ce que vous me transmettez de sa part, cher ami, et vous savez que rien de bien en lui ne me surprend jamais. Pour ce qui me concerne, j'écrivais hier à Albert mon profond découragement : il survit à ma crise aiguë, car je suis bien obligé de reconnaître que j'ai de temps en temps des accès de présomption dont je devrais bien être irrévocablement corrigé. Enfin, nous avons encore quelques jours de réflexion, et peut-être le premier bon mouvement une fois passé, mes confrères de l'Académie trouveront des difficultés qui mettront fin à mon hésitation.

En attendant, cher ami, vous me rendez bien heureux chaque fois que vous me dites que le séjour du Bourg d'Iré vous a été doux. Je ne souhaite rien davantage et dans l'impuissance habituelle où je suis de donner une véritable vie à mes sentiments, je suis d'autant plus touché quand on m'assure qu'on les devine. Je vous embrasse donc avec mille et mille remerciements.

Alfred

 

1Leclerc de Juigné, Ernest (1825-1886), homme politique. Grand propriétaire de la Sarthe, il sera membre du conseil général de ce département en 1865, puis son représentant à l'Assemblée nationale. Légitimiste et catholique, inscrit à la réunion Colbert et à celle des Réservoirs, il siégea avec la droite. A nouveau candidat dans ce même département (circonscription de La Flèche), il sera battu par un républicain.

2Louise-Charlotte Victoire de Grimoard du Roure de Beaumont-Brison (1794-1874), seconde épouse du comte Louis Clair de Beaupoil, comte de Sainte-Aulaire.

3La fille de la comtesse de Saint-Aulaire, Egédie (1811-?), était l'épouse du baron Emile de Langsdorff décédé au cours de l'été.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «3 octobre 1867», correspondance-falloux [En ligne], Année 1867, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Second Empire, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 13/02/2024