1874 |
29 août 1874
Dinan1, 29 août 1874
Monsieur le comte,
Je trouve en arrivant au séminaire la lettre dont vous êtes bien voulu m'honorer après avoir lu mon discours.
Vous me faites une observation, au sujet de laquelle vous me permettrez un mot seulement,que je soumets à votre jugement éclairé.
Est-il juste de dire que « la restauration de Pie IX et le retour des ordres religieux dans l'enseignement public », événements qui comptent certainement pour beaucoup dans le cœur du catholicisme, sont le fait du Libéralisme catholique, ainsi que vous le donnez clairement à entendre !
Les catholiques, qui se sont dits libéraux, ont eu, je le sais, une part glorieuse dans plusieurs œuvres qui ont provoqué, aux titres les plus légitimes, la reconnaissance de l’Église. Mais les services qu'ils ont rendu, quand ils ont parlé et agi en catholiques intelligents et dévoués à la plus sainte des causes, ne justifient d'aucune manière un système que le Saint-Siège a cru devoir improuver, système qui aboutit définitivement à une confusion étrange, en même temps qu'il enlève à l'Église de J.-C., vis-à-vis des sociétés humaines, la place à laquelle elle a un droit imprescriptible et divin.
Veuillez agréer, Monsieur le comte, l'hommage de mes sentiments les plus respectueux.
Votre humble serviteur.
1Ville sous-préfecture des Côtes d'Armor. L'abbé Dagorne est alors supérieur de l'école des Cordeliers.
