CECI n'est pas EXECUTE 5 octobre 1872

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5 octobre 1872

Alfred de Falloux à Jules de Bertou

5 octobre 1872

Cher ami,

Pendant que je recevais votre lettre de ce matin, Madame de Castellane en recevait une de moi qui me dispense de m'expliquer davantage, mais qui ne me dispense pas de vous remercier de votre excellente intention, ce que je fais très sincèrement. Je vous écris sur le dos de la lettre que j'ai oublié de renvoyer hier à Madame de Castellane, et qui lui était peut-être nécessaire pour l'adresse. J'ai oublié également de lui dire que la supérieure réclame de toute ecclésiastique qu'elle reçoit à Saint-Martin un certificat de l'évêque du diocèse que quitte l'ecclésiastique lui garantissant qu'elle n'introduit pas un loup dans sa bergerie. Elle sait d'avance qu'un protégé de Madame de Castellane ne peut être dans ce cas, mais il faut toujours qu'elle-même soit en règle envers ses supérieurs, et l'abbé Guérin1 doit être averti de la nécessité de cette formalité.

Le mari de Rose va un peu mieux ce matin, sans être encore hors de danger. Je vous ai envoyé hier le fragment du Patriote, pour que vous vissiez que les idées Villemessant2-Fitz-James3 font leur chemin et vous expliquent les compléments du Constitutionnel, dont vous paraissiez touché4. Les renseignements qu'on m'a donnés ici et dont vous penserez ce que vous voudrez, car je n'ai eu aucun moyen de les vérifier, sont qu'un appel avait été réellement adressé pour une démonstration à Frohsdorf5, mais que le nombre des réponses a été si peu satisfaisant par la quantité et la qualité, qu'on a pris son parti de l'incognito. Si vous avez encore Amédée6, demandez-lui s'il est en mesure de démentir les nouvelles concernant son cousin de La Benardais, mort à Versailles dans les fonctions officielles que vous connaissiez. Cette mort aurait été la suite d'un souper excessivement jeune à Paris, et il aurait laissé, par testament, le dernier reste de sa grande fortune à une abominable femme pour laquelle il avait sacrifié l'Anjou et beaucoup d'autres choses. Si Amédée n'est pas là, n'en parlez qu'à Madame de Castellane, car je n'ai aucune envie d'accroitre des scandales de ce triste temps, et je me contente d'en gémir en reconnaissant, une fois de plus quel don de connaître et de choisir les hommes présiderait à nos destinées si urbaines illusions pouvaient jamais triompher.

Veuillez dire à Madame de Castellane combien je pense à sa tristesse à mesure que approche le départ de sa fille et de ses petits-enfants.

Alfred

1?

2Villemessant, Jean Hippolyte Auguste Delaunay de (1810-1879 journaliste français et patron de journaux dont Le Figaro.

3Fitz-James, Édouard, Antoine, Sidoine de (1828-1906), propriétaire du château de la Lorie, près de Segré, en Maine-et-Loire, et donc voisin de Falloux auquel il était lié d'amitié.

4?

5Résidence autrichienne du comte de Chambord.

6Andigné, Amédée Marie Alexandre (1822-1889).


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «5 octobre 1872», correspondance-falloux [En ligne], 1872, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 15/04/2015