CECI n'est pas EXECUTE 11 mai 1878

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11 mai 1878

Alfred de Falloux à Couvreux (abbé)

11 mai 1878

Cher Monsieur l'abbé,

Nous avons tous été bien touchés de votre lettre, du précieux témoignage qu'elle nous apporte, et nous remercions bien sincèrement, bien vivement, tous ux qui nous l'ont donné. L'affection de ceux qui voient les autres de près a un grand prix. Je reporte celle-là en grande partie sur celle qui n'est plus ; mais ce n'est pas cela qui diminue ma reconnaissance, bien loin de là ! Elle méritait d'être aimée parce qu'elle avait toujours de l'affection et du dévouement au service de ceux qui approchaient. Elle m'a laissé un grand modèle que je m'efforce de suivre mais où je ne parviendrai pas à l'atteindre. Ce qui m'est donné est donc plus généreux, et je remercie d'autant plus pour mon propre compte. Veuillez bien vous faire l'interprète de ce sentiment-là : il part absolument du fond de mon cœur. Madame de Caradeuc1 a tenu à écrire elle-même, hier, à Madame de Castellane. Loyde et moi n'avons pas essayé de l'en détourner, car nous l'aurions certainement affligée. Du reste, elle n'en a point été fatiguée, et si les orages qui se succèdent jour et nuit ne troublent pas son état actuel, il est redevenu presque satisfaisant.

Nous sommes tous charmés des bonnes nouvelles du 1022 et de la pensée d'y voir bientôt tout le monde réuni. Je suis bien intéressé à ce que cet entassement ne semble pas trop incommode, car l'Académie paraît fixer définitivement son scrutin du 13 juin, et je voudrais bien que cette date retrouvât encore le 102 au complet. Me donnez-vous de l'espérance à cet égard ? Comptez-vous reprendre les bains d'Uriage ? Votre séjour pourra-t-il cadrer avec celui de Boni3 et de Jean4, comme je le souhaite pour vous tous ?

Comment Monsieur Dubois a-t-il pris une entorse, et que devient la brèche dans le mur du parc ? Nous avons eu, avant-hier, la visite des Cacqueray qui avaient déposé leur belle-sœur à la Douve5 et nous ont amené deux petits garçon très gentils, et, le lendemain, j'ai trouvé à Segré, une grosse petite fille qui était encore une Cacqueray. Il faut qu'il y en ait beaucoup dans le pays ! J'étais à Segré pour l'hospice Swetchine6 où la sœur Saint-Joseph est en constante vénération devant le portrait de Léon XIII. Elle veut toujours écrire à Madame de Castellane, mais elle se donne tant de soins et se livre à tant de travaux sans compter ses prières qu'il faut lui pardonnez quelque retard.

Alfred

Le maréchal7 insiste pour l'évêque de Marseille8 à Rennes. Le pape voudrait l'évêque de la Rochelle9, et moi aussi !

 

 

 

 

1Emilie-Charlotte de Caradeuc, née de Martel (1800-1882), belle-mère de Falloux.

2102, rue de Grenelle, domicile parisien des Castellane.

3Boniface dit Boni de Castellane (1867-1932).

4Jean, marquis de Castellane (1868-1948). Boni et Jean sont tous deux les fils d'Antoine de Castellane.

5Autre château du Bourg d'Iré, La Douve est la propriété d'Henri d'Armaillé.

6Hospice fondé par Falloux en 1864 dans ce qu'il restait de l'ancien château de Segré en hommage à son amie Sophie Swetchine.

8Charles Philippe Place (1814-1893) succéda, le 15 juin à Mgr Brossay Saint-Marc à la tête de l'archidiocèse de Rennes. Ordonné prêtre en 1850, il fut vicaire de Mgr Dupanloup à Orléans, puis partit séjourner à Rome comme auditeur de Rote pour la France. Préconisé évêque de Marseille en 1866, il fit partie de la minorité opposée au dogme de l’infaillibilité pontificale. Autant dire que Mgr Place était plutôt de l'école de Mgr Dupanloup que de celle de Mgr Pie.

9Léon Benoît Charles Thomas (1826-1894) dit Thomas le Magnifique. Evêquede La Rochelle depuis 1867, il sera promu archevêque de Rouen en 1884.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «11 mai 1878», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1878,mis à jour le : 20/05/2015