CECI n'est pas EXECUTE 18 octobre 1877

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18 octobre 1877

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

18 octobre 1877*

Chère Madame, je vous ai remercié par la princesse Radziwill1 de la lettre de Madelle Lecreux, mais en demandant un meilleur bulletin qui ne nous arrive pas et que nous sollicitons de nouveau. Celui de Madame de Caradeuc2 n'est pas ce que nous souhaiterions. M. Letord3 a constaté hier, comme M. Farge à Angers, une aggravation de faiblesse, et ordonne le vin de quinquina qui a été commencé dès hier, au dîner. Joignez-vous à nous pour implorer un bon résultat. J'avais écrit à mon frère4 que vous m'aviez envoyé sa lettre : il me réplique en me chargeant de vous dire qu'il prie sans cesse pour tout Rochecotte avec la sollicitude la plus émue.

La pauvre France vient de faire un petit mouvement sur son lit de malade, mais n'a pas encore pris les allures de la vraie convalescence. Ce n'est pas assez, mais c'est quelque chose, et je ne suis pas de ceux qui regardent l'événement comme une totale défaite. Je crois, au contraire, que la situation nouvelle a plusieurs ressources, mais il faut savoir et vouloir s'en servir. On m'écrivait hier qu'on était très décidé à vouloir : c'est ordinairement le plus difficile, et quand cette qualité-là existe réellement, elle appelle les autres.

Vous serez l'interprète d'un sentiment bien sincère, chère Madame, si vous, ou Madeleine5, voulez bien faire parvenir à Juigné6 ma très vive peine de l'ajournement du succès7. L'augmentation du chiffre des voix permet de n'employer que ce mot ; mais l'ajournement n'en est pas moins un chagrin, et quand le péril n'attend pas, un cœur vaillant n'aime pas à attendre. J'éprouve une peine infiniment moins sensible pour M. Podevin 8 cependant comme je vous y retrouve, elle est encore vive et je regrette que la population qui vous entoure ne comprenne pas mieux ses véritables intérêts.

Maine-et-Loire aurait été du très petit nombre de départements qui n'ont élu que des conservateurs, si 317 voix l'avaient bien voulu à Baugé9.

Claire de Candé10 a rencontré la duchesse de Chevreuse11 et la duchesse de Chaulnes12 dans les rues d'Angers toutes deux annonçaient le départ pour Hyères, et la seconde paraissait inquiète. Bertou écrit qu'il se soigne à grandes doses pour Rochecotte et le Bourg d'Iré.

A. de F.

 

 

 

*Arch.nat. Fonds Castellane

1Marie Dorothée Elisabeth Radziwill (1840-1915), fille de Madame de Castellane, qui avait épousé, en 1857, Frédéric-Guillaume-Antoine, prince Radziwill, duc de Nieswill.

2Emilie-Marie-Charlotte de Caradeuc, née de Martel (1801-1882), mère de Marie de Falloux.

3Médecin de famille.

5Madeleine de Castellane (1847-1934), née Leclerc de Juigné ; elle était, depuis le 3 avril 1866, l'épouse d'Antoine de Castellane.

6Château de Juigné, à Juigné-sur-Sarthe (Sarthe). C'est la propriété des Leclerc de Juigné auxquels les Castellane sont alliés par le mariage de leur fille Madeleine (1847-1934) avec Antoine de Castellane.

7Député sortant de la circonscription de La Flèche (Sarthe), Ernest Leclerc de Juigné fut battu par un républicain lors des élections qui venaient d'avoir lieu, le 14 octobre 1877.

8Cyrille-Marie-Louis Podevin (1811-1884), ancien préfet d'Indre-et-Loire.

9L'arrondissement de Baugé est alors le seul arrondissement du Maine-et-Loire acquis aux républicains. Au cours des élections législatives du 14 octobre 1877 toutes les autres circonscriptions ont été remportées par des candidats conservateurs (royalistes ou bonapartistes).

10Claire Brillet de Candé, née de Mieulle (1844-1886).

11Julie Valentine de Contades, duchesse de Chevreuse (1824-1900), veuve d'Honoré d'Allbert de Luynes, duc de Chevreuse (1823-1854).

12Chaulnes, Marie-Bernardine Blanche Sophie (1852-1882), duchesse, fille du prince Augustin Galitzin mariée en 1875 à Paul d'Albert de Luynes, duc de Chaulnes (1852-1881).


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «18 octobre 1877», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République, CORRESPONDANCES, 1877,mis à jour le : 09/01/2016