CECI n'est pas EXECUTE 15 juillet 1878

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15 juillet 1878

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

15 juillet 1878*

Chère Madame, je comprends de la lettre de l'abbé Couvreux qu'il est près de vous à Èvian et je vous remercie tous les deux ensemble de sa bonne lettre de Genève. Aussitôt après l'avoir reçue, j'ai écrit à Monsieur Lavedan qui est, en ce moment, à Vichy et qui, par conséquent, ne pourra pas faire de recherche immédiate dans ses cartons, si l'article de Madame de Mirabeau n'est pas présent à son souvenir.

En tout cas, ce serait signe qu'il n'était pas destiné à une publication prochaine.

Le statu quo du Bourg d'Iré continue, et M. Letort1 a été satisfait de son inspection avant-hier. L'évêque d'Orléans2 vous a-t-il adressé son appel pour Jeanne d'Arc ? Il me semble que cette colique de dévotion et monumentation [sic] qui prend tant de gens à la fois court risque de déconsidérer une pensée qui eut été naturelle avec moins de fracas et d'ostentation. Je suis donc porté à croire que l'entreprise d'Orléans ne réussira pas, et je regrette une fausse démarche, après le grand succès du mois précédent. Si vous pensez et si vous savez le contraire, vous me ferez grand plaisir en me rectifiant. J'ai cependant souscrit, avec regret, pour cent francs ; mais j'envoie la même somme avec beaucoup plus d'entrain à l'abbé Roussel3, après l'admirable article de M. Saint-Genest4.

L'avez-vous lu dans la Défense5 ou ailleurs répétée du Figaro ?

Où est Boni6 et comment va-t-il ? Nous attendons tous avec impatience ses nouvelles et les premiers effets d'Èvian sur vous et sur le cher abbé qui me permettra bien de le confondre avec vous !

A. de F.

Je vois dans l'Univers que les Débats reprochent aux journaux conservateurs de se complaire à faire ressortir l'humiliation de M. Waddington7 à Berlin8, sans songer que c'est l'humiliation de la France. Je suis tout à fait de cet avis, et je baisse la tête devant le congrès comme devant plusieurs de nos autres plaies dont je vous épargne pour cette fois l'énumération.

 

*Fonds Castellane, Archives nationales.

1Médecin de la famille Falloux.

2Mgr Dupanloup.

3Abbé Louis Roussel (1825-1897).

4Arthur-Marie Bucheron dit Saint-Genest (1835-1902), journaliste au Figaro.

5La Défense sociale et religieuse, périodique fondé à l'initiative de Mgr Dupanloup.

6Castellane, Boniface de (1867-1932), dit « Boni », petit-fils de Pauline de Castellane.

7Waddington William Henry (1826-1894), homme politique et archéologue français. Issu d'une famille ministre de l'instruction publique (9 mars 1876-16 mai 1877), puis ministre des Affaires étrangères du 13 décembre 1877 au 28 décembre 1879 devenant entre temps président du conseil, du 4 février au 28 décembre 1879.

8Ministre des Affaires étrangères, Waddington représentait la France au Congrès de Berlin qui se tint dans cette ville du 13 juin au 13 juillet 1878. Cette conférence diplomatique avait pour but la révision du traité de San Stefano jugé insatisfaisant aux yeux des Britanniques et de l'Autriche-Hongrie lesquels n'auraient guère tenu compte, aux yeux de certains observateurs, de la position française.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «15 juillet 1878», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1878,mis à jour le : 30/04/2016