CECI n'est pas EXECUTE 26 décembre 1871

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26 décembre 1871

Jules de Bertou à Alfred de Falloux

Rochecotte, 26 décembre 1871

Cher ami,

Madame de Cast[ellane] a reçu ce matin votre lettre de Paris qui fixe nos incertitudes sur les mouvements de votre chère personne ; elle vous en remercie par ma plume et je m'unis à sa reconnaissance. Je pense que vous êtes à cheval, à l'heure où j'écris, commandant une charge à fond contre cet esprit soit disant conservateur qui depuis si longtemps prépare et assure toutes nos défaites1. Je n'ose pas compter sur la victoire mais je n'en désespère pas non plus habitué que je suis à vous voir ramener les vaincus ou ceux qui croient l'être à la charge de la dernière heure, de celle qui regagne le terrain perdu et décide du sort de la journée? Vous parlez de votre rentrée à Angers comme si vous n'aviez pas la moindre idée de prendre une route au lieu d'une autre afin de venir raconter à Mad. de Cast[ellane] et que vous aurez fait, dit, entendu et aussi pour lui tracer un peu la voie qu'elle devra suivre en rentrant au milieu de la vie des salons parisiens qui plus ou moins ont toujours une certain influence sur les hommes qui font les choses du temps. Elle avait espéré mieux et se flattait au fond du cœur de l'espoir de recevoir ses meilleures étrennes de votre main. Elle veut que je vous dise tout cela et que je vous demande en mon propre nom pourquoi vous n'auriez pas votre crise du Ier janvier, ici, aussi bien que dans votre chambre de la rue basse St-Martin et si vous perdriez beaucoup en sacrifiant les embrassades qu'il vous faudra recevoir et rendre aux habitants de la ville d'Angers ? Je viens de lire avec un grand plaisir la chronique du Correspondant du 25 et si vous voyez M. L. de Gaillard2 je vous demande de lui dire que je lui aurais certainement écrit pour le féliciter si mon suffrage avait plus de prix mais si vous vous en chargez <deux mots illisibles> et alors je n'hésite plus à le lui adresser. Les Lambel3 et les Beaumont4 viennent ici demain et s'en retournent jeudi.

A vous de tout cœur.

Jules

 

1Falloux est alors à Paris pour tenter d'empêcher l'élection de Littré à l'Académie française.

2Léopold de Gaillard est alors rédacteur en chef du Correspondant.

3Lambel, Alexandre de (1814-1903), grand propriétaire lorrain, ce proche d'A. de Melun et de Jules de Bertou a contribué, aux côtés d'A. de Melun, au développement des œuvres du catholicisme social, à Paris notamment, où, dés 1838, il avait fondé le Patronage de Saint-Jean.

4Les Falloux sont apparentés à la famille de Gustave de Beaumont, dont le château est à Beaumont-La Sarthe (Sarthe).


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «26 décembre 1871», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1871,mis à jour le : 14/10/2016