CECI n'est pas EXECUTE 19 décembre 1872

1872 |

19 décembre 1872

Edouard de Fitz-James à Alfred de Falloux

La Lorie1, mercredi, 19 décembre 1872.

Mon cher Falloux,

Je suis bien aise que vous ne vous soyez pas dérangé, tout en regrettant cependant qu'une crise douloureuse en soit cause. Je n'ai pas été naturellement à la réunion. Marais qui en revient me rapporte le résultat. Vous êtes président, moi vice-président, de Roincé2 secrétaire, Gatine trésorier. Ce résultat a été obtenu, sans qu'un mouvement perfectible se soit prononcé contre. Je le pensais bien tout d'abord, vous le savez ; mais, comme je ne suis pas assez entêté, je m'étais laissé aller à penser qu'un courant contraire pourrait se produire, c'est ce qui m'a inspiré la dépêche que je vous adressais hier.

Je ne veux certainement pas me targuer outre mesure vis-à-vis de vous, d'un très petit triomphe de jugement, dans cette circonstance. Mais, laissez-moi en prendre prétexte pour vous répéter que dans vos jugements et vos impressions sur votre pays sur les individus de notre pays, vous vous laisser trop aller à une netteté d'appréciation qui vous empêche de voir juste bien souvent. C'est ainsi que vous avez cru que notre députation ne pouvait pas être autre et que L’Étoile3 ne se fondrait pas ! Je sais bien que c'est ce que vous avez de si élevé dans l'âme et le caractère qui vous fait tomber dans l'erreur que je me permets de vous signaler. Mais, ne devez vous pas vous en défendre, car la première victime est vous et la France a besoin de vous. C'est pour cela que je ne néglige aucune occasion de vous le dire. Vous me croyez bien n'est-ce pas quand je vous dis que ce n'est pas pour appuyer cette dernière circonstance.

Je pars samedi pour Paris avec mes filles4. Nous allons y prendre nos quartiers d'hiver. Madame de Fitz-James5 nous y rejoindra du Midi où elle est. Nous passerons samedi dans l'après-midi à Angers. Nous irons certainement vous voir ainsi que ces dames qui savent bien que j'ai raison quand je vous parle comme aujourd'hui. Elles le savent parce qu'elles vous aiment, s'il est possible, encore mieux que moi. Je vous prie de leur présenter mes très affectueux hommages.

Duc de Fitz-James

Cette lettre bien entendu est absolument pour vous et les vôtres.

 

1Château de la Lorie, à La Chapelle-sur-Oudon, propiété des Fitz-James.

2Roincé, Alexandre Boreau de (1810-1887).

3Périodique fondé à Angers par Mgr Freppel, adversaire déclaré de Falloux, tant en ce qui concerne les orientations politiques que celles qui ont trait au catholicisme.

4Françoise (1853-1907) et Marie-Yolande (1855-1925).

5Augusta Margareta Maria Löwenvielm (1830-1915 ), son épouse depuis 1851.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «19 décembre 1872», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1872,mis à jour le : 02/03/2020