1878 |
26 octobre 1878
Edouard de Fitz-James à Alfred de Falloux
Paris, ce samedi 26 octobre 1878
Mon cher Falloux,
J'ai lu votre article1 dans le Correspondant, il est superbe mais il ne m'a pas fait changer d'avis. Je crois que vous auriez mieux fait de laisser tomber les choses sans les relever en ce moment. Je désire beaucoup que l'avenir me donne tort. Je vois envoie le Figaro qui contient un article que vous voudrez lire. Il est de Lavedan. Voilà plusieurs articles qu'il signe comme celui là un chrétien dans le Figaro et je comprends très bien qu'il le fasse ainsi ce qu'il dit répond aux sentiments publics qui n'est pas fâché de voir donner les étrivières à M. Veuillot vu sa conduite vis-à-vis du cercueil de Mgr Dupanloup mais le public tout en partageant vos idées ne comprendra jamais vous ayez fait une aussi grosse affaire au sujet des paroles de De Mun. Vous n'en serez hélas que plus méconnu et que plus calomnié et sans que cela serve à la conversion de personne ni au triomphe de vos belles idées. Quant à votre noble satisfaction de protester toujours et quand même au nom de la vérité et du bon sens, je sais bien que cela vous fera élever une statue après votre mort. Mais en attendant j'aimerais bien que cela ne vous empêche pas de retourner dans nos assemblées où vous devriez être pour le salut de la France. Je termine en vous affirmant que je crois que mon affection pour vous augmente tous les jours. Duc de Fitz-James
Affectueux et respectueux souvenirs à Madame de Caradeuc et à Mademoiselle Loyde. Je viendrai vous voir bientôt.
1Publié dans le Correspondant du 25 octobre 1878, l'article de Falloux intitulé « De la contre-révolution » s'en prenait avec vigueur au comte A. de Mun mettant en garde les catholiques contre les risques d'une lutte de la religion placée sous la bannière équivoque de la contre-révolution à laquelle les conviait A. de Mun.
