CECI n'est pas EXECUTE 11 octobre 1883

1883 |

11 octobre 1883

Edouard de Fitz-James à Alfred de Falloux

Paris, ce jeudi 11 octobre 1883

Mon cher Falloux,

J'ai bien tardé à vous remercier de votre si bonne lettre. Je n'en suis pas coupable je vous assure et si ma plume ne traçait pas ma réponse, mon cœur était après comme avant votre lettre, bien occupé de vous. Je n'ai pas eu un moment à moi depuis bien longtemps. J'ai été dernièrement assez souffrant. Je vais bien maintenant mais, je n'en ai que plus d'occupations y compris celles que mes affaires particulières me donnent ! Je suis comme chaque année, à l'approche de la Toussaint, dans une crise financière terrible ! Avec l'aide de Dieu j'en sortirai j'espère. Il m'a visiblement secouru jusqu'à présent, je compte sur sa miséricorde dont j'ai d'autant plus besoin que les temps sont plus mauvais !...mais ce n'est pas de mes misères que je veux entretenir votre affection. C'est de la confiance dont Monsieur le Comte de Paris veut bien m'honorer. Je veux m'en rendre digne et je ne saurais y parvenir mieux que par vos conseils. Si je le pouvais comme je partirais pour aller vous les demander au Bourg d'Iré, mon cher Falloux. Je ne le puis absolument pas ! Envoyez les moi. Si j'osais je vous demanderais de venir me les apporter à Paris.

Je dois aller le mardi 16 octobre à Eu1. Monsieur le Cte de Paris2 a bien voulu me fixer cette époque dans une lettre des plus honorables pour moi où il me dit qu'il veut traiter avec moi à tête reposée de beaucoup de questions. La première chose que je lui dirai c'est que vous seul, mon cher Falloux, pouvez le bien conseiller. Certes l'affectueuse admiration que j'ai pour vous me porterait à le lui dire à elle seule mais le sentiment de mon amour pour la France me l'ordonne encore plus. Dites-moi donc le terrain qu'il faut que je prépare pour que vous veniez l'ensemencer avec toutes les forces de votre grand cœur et de votre grand esprit qui ne finiront qu'avec votre si noble vie.

Je vous aime bien, à bientôt j'espère.

Le Duc de Fitz-James.

1Situé en Normandie, le château d'Eu est la demeure du comte de Paris.

2Suite au décès du comte de Chambord, le 24 août 1883, le comte de Paris était devenu l'héritier du trône.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «11 octobre 1883», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1883,mis à jour le : 14/02/2017