CECI n'est pas EXECUTE 9 janvier 1880

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9 janvier 1880

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

Le 9 janvier 1880*

Chère Madame,

Lavedan a, en effet, écrit à mon frère1 une lettre à la fois très délicate et très incisive sur les contradictions flagrantes auxquelles paraît se livrer le nouveau nonce2 et les déceptions qui résultent pour un certain nombre de nos amis. Le pape3 a lu cette lettre très attentivement et s’en est déclaré très frappé. Je souhaite donc très vivement que vous félicitiez mon frère sur son persévérant courage à servir ce que je persiste à considérer comme l’intérêt de l’Église ; mais je souhaite au même degré que vous n’en laissiez absolument rien percer à Paris. Je crois que cela aigrirait sans éclairer et si le pape a été réellement convaincu, nous le verrons bien par les résultats, sans nous en mêler autrement.

J’espère que vous possédez encore Élie de Gontaut4 et Henry Cochin5; veuillez leur dire, je vous en prie, combien je déplore que la tristesse croissante du Bourg d’Iré ne me permette pas de leur rappeler, à cette heure-ci, combien il est voisin de Rochecotte.

Je compte bien me dédommager à Paris pour la réception du duc Pasquier6 et pour le scrutin7 qui suivra aussitôt après, si la rechute du mauvais temps n’entraîne pas d’autres recherches chez les pauvres cacochymes !

Jardry8 vous devait bien l’expression de sa reconnaissance et j’y joins très vivement la mienne, en vous demandant de la faire parvenir aussi à Made de Rayneval9, à votre première occasion. Aurez-vous aussi la bonté d’exprimer ma bien sincère condoléance à Made la duchesse de Valencay.

Mille et mille vœux encore, chère Madame pour Rochecotte et pour tout ce qui l’émeut !

Falloux

 

*Archives nationales. Fonds Castellane

2Czacki Włodzimierz, Mgr (1835-1888). Nommé par Léon XIII à la nonciature de Paris, il fut chargé d'appliquer la nouvelle politique du Saint-Siège et en particulier de convaincre les catholiques de ne plus lier leur intérêts à la cause royaliste et d'accepter les nouvelles institutions que la France s'était données. Secrétaire de la Congrégation des Études de 1875 à 1877, secrétaire de la Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires de 1877 à 1879, nonce à Paris en 1879, cardinal en 1882.

4Gontaut-Biron, Elie de, vicomte (1817-1890), diplomate et homme politique. S'occupant d’œuvres charitables sous l'Empire, il entra en politique après le 4 septembre, se faisant élire en 1871 représentant des Pyrénées Orientales. Siégeant à droite, il se fit inscrire aux réunions Colbert et des Réservoirs. En janvier 1876, il fut élu au Sénat dont il sera membre jusqu'en 1883. Entre-temps, il avait été nommé par Thiers ambassadeur à Berlin, poste qu'il occupa du 4 janvier à sa démission en décembre 1877. Rentré dans la vie privée en 1882, il publia quelques articles remarqués dans le Correspondant, notamment (25 octobre 1889) contre l'alliance des monarchistes et des boulangistes.

5Henry Cochin (1854-1926), fils d'Augustin Cochin, l'ancien directeur du Correspondant et ami de Falloux, homme politique, il était spécialiste de l'histoire et de la littérature italienne de la Renaissance.

6Le duc d’Audiffret-Pasquier devait être reçu le 19 février.

7L’Académie française avait deux membres à élire en remplacement de MM. Sylvestre de Sacy et Saint-René de Taillandier. L’élection était fixée au 26 février.

8Il avait été secrétaire de Falloux.

9Rayneval, Louise-Marie de (1844-?), veuve du diplomate Alphonse Marie Gérard de Rayneval (1813-1858).V


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «9 janvier 1880», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1880,mis à jour le : 07/01/2018