CECI n'est pas EXECUTE 14 septembre 1881

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14 septembre 1881

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

Le 14 septembre 1881*

Chère Madame,

Le premier usage que je fais de la plume de M. Penaud1 est de rompre mon silence forcé et de répondre plus amplement à toutes vos tendres questions.

Madame de Caradeuc2 est un peu mieux qu’à mon arrivée et se tire de ses incessantes médecines avec une énergie qui fait l’étonnement de tous ceux qui la soignent.

Pour moi, je me trouve mieux des bains du Docteur Hardy tant que la saison me le permet, mais cela ne sera pas long et c’est alors seulement que je pourrais juger si la cure est sérieuse ou simplement passagère.

En attendant, nous avons une consolation inattendue, c’est de donner l’hospitalité aux deux petites d’Armaillé fuyant une angine couanneuse dont leur frère a été légèrement atteint ; elles sont très gentilles et accompagnées d’une vieille tante, Melle de Buisseret qui s’est trouvée bien à propos à la Douve3 pendant que la gouvernante allemande est en Allemagne ; Madame de Caradeuc se plaît avec cette nouvelle compagnie et moi je me plais désormais bien volontiers à tout ce qu’on veut.

Je vous félicite de l’arrivée prochaine de Madame Craven, sans savoir si ma félicitation est intéressée ou non, car si Madame de Caradeuc retombait dans l’état où elle était à mon retour de Paris, je ne pourrais me permettre aucune absence.

Sur la sommation de l’Union de l’Ouest, l’Étoile se résigne à insérer la lettre de Georges de Blois4, mais en lui décochant un trait digne d’elle ; elle l’appelle mon héritier présomptif. Je ne sais s’il va répondre ; je ne sais pas non plus ce qui se passe au comice de Segrè car Fitz-James5 n’a dû arriver qu’aujourd’hui à cinq heures. Le général d’Andigné6 qui est venu me voir hier ne parlera que du dégrèvement de l’impôt et M. de Terves7 qui annonce sa présence laisse douter d’un discours. Soignez-vous, soignez-vous !

A. de F.

*Archives nationales, Fonds Castellane.

1Secrétaire de Falloux.

2Emilie-Charlotte de Caradeuc, née de Martel (1800-1882), belle-mère de Falloux.

3Autre château du Bourg d'Iré, La Douve est la propriété d'Henri d'Armaillé.

4Blois Georges Aymar, comte de (1849-1906) neveu de Falloux, propriétaire du château de Huillé (Maine-et-Loire). Maire de Daumeray (Maine-et-Loire) en 1888 puis conseiller général du canton de Durtal (Maine-et-Loire), il fut élu sénateur du Maine-et-Loire en 1895. Réélu en 1897 puis en 1906, il prit place au groupe de la droite monarchiste. Propriétaire d'un domaine agricole, ayant hérité de son oncle Falloux, les célèbres étables du Bourg d’Iré, il intervint dans la plupart des débats agricoles. Il publia les Mémoires d 'un royaliste de son oncle peu après son décès.

5Fitz-James, Édouard, Antoine, Sidoine de (1828-1906), propriétaire du château de la Lorie, près de Segré, en Maine-et-Loire, et donc voisin de Falloux auquel il était lié d'amitié.

6Andigné Henri Marie Léon d', marquis (1821-1895), militaire et homme politique. Pair de France en 1847, général de brigade en 1875, il était entré en politique en se faisant élire en 1876 au Sénat, comme candidat conservateur par le Maine-et-Loire. Il sera constamment réélu dans la chambre haute où il siégera jusqu'à son décès.

7Roger de Terves (1838-1916), propriétaire foncier du Maine-et-Loire, il sera conseiller général du canton des Ponts-de-Cé de 1905 à 1913.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «14 septembre 1881», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1881,mis à jour le : 23/03/2018