CECI n'est pas EXECUTE 14 décembre 1881

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14 décembre 1881

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

Le 14 décembre 1881*

Chère Madame,

M. Roze1 m’a déjà quitté pour rejoindre Mme Roze, mais me laissant le meilleur souvenir, me promettant la meilleure volonté et emportant tous les éléments d’un travail qui pourra se passer de moi pendant deux mois, au moins, puisqu’il ne s’agit que de réunir en volume des discours et des brochures déjà imprimés2. Il est le fils de l’amiral Roze3 et vit toujours avec son père et est marié avec la fille d’un général d’artillerie, dont il ne m’a pas dit le nom. C’est M. Lavedan qui m’a trouvé cette perle  que ; son seul défaut, c’est qu’il ne veut pas d’émoluments. Tous mes efforts là-dessus ont échoué ; il dit que je le prends au moment où, démissionnaire du Conseil d’État, l’oisiveté lui coûte beaucoup et qu’il est plus qu’indemnisé par l’honneur de ses relations avec moi, il dit cela naïvement, avec un air très sérieux et très convaincu. Vous pensez bien qu’à cet égard je ne suis pas du tout de son avis et j’étudierai avec vous chère Madame, le moyen de sortir de là. En attendant, j’aurais été très heureux de vous le présenter, puisque vous m’y autorisez mais ce ne pourrait être en ce moment-ci, car Mme de Caradeuc4 permet de moins en moins qu’on la quitte. Dites-le, répétez-le bien, je vous prie, à Mme de Galliera5 ; elle est du bien petit nombre de personnes de personnes, que j’aurais encore grand bonheur à revoir. Pour Albert [de Rességuier], il a un autre genre de servitude ; c’est l’amour paternel et grand-paternel. Il part tout-à-l’heure pour une sortie des deux petits Pérignon6 à Paris et lundi, il court chez Berthe7, où sont les Meaux qui retardent leur départ afin de jouir de lui quelques jours. Il vous adresse des remerciements et des regrets presque aussi vifs que les miens, avec des promesses presque aussi sincères que les miennes. La nuance est même presque imperceptible !

Georges de Blois8 est venu passer 24 h. ici, beaucoup plus pour M. de Rességuier que pour moi ; il vient de marier son second frère9 avec Mlle Mizzi, de vieille origine florentine ; il retournait précipitamment à un grand retour de noces, non sans demander instamment la continuation de vos bontés auxquelles il attache le plus grand prix et dont il ne désespère pas de profiter bientôt.

Veuillez faire mes condoléances aux Juigné et dire à Madeleine [de Castellane]10 que si elle veut utiliser les 48 h. de M. de Rességuier à Paris pour Stanislas [de Castellane]11, il se met à son entière disposition, rue de Poitiers, 12.

Au revoir. Au revoir, chère, chère Madame.

A. de F.

 

 

*Archives nationales, Fonds Castellane.

1Charles Ferdinand Roze (1850-1894), maître des requêtes au Conseil d’État.

2Falloux préparait la rédaction de ses Discours et mélanges.

3Roze, Pierre-Gustave (1812-1883), militaire. Promu enseigne de vaisseau en 1837, il avait pris part à l'expédition du Mexique. Capitaine de vaisseau en 1856, contre-amiral en 1862, il sera nommé gouverneur de Cochinchine en 1865. Il avait quitté le service actif en 1877.

4Emilie-Charlotte de Caradeuc, née de Martel (1800-1882), belle-mère de Falloux.

5Marie, duchesse de Galliera, née Brignole-Sale (1812-1888). Son hôtel était situé au 57 de la rue de Varenne. C'est aujourd'hui l’hôtel Matignon.

6Les enfants de Geneviève de Pérignon (1840-1889), fiile ainée d’Albert de Rességuier, épouse d’Henri Dieudonné Henri Marie de Pérignon (1840-1889).

7Berthe Benoist d’Azy, née de Rességuier(1850-1899), fille cadette d'Albert de Rességuier.

8Blois Georges Aymar, comte de (1849-1906) neveu de Falloux, propriétaire du château de Huillé (Maine-et-Loire). Maire de Daumeray (Maine-et-Loire) en 1888 puis conseiller général du canton de Durtal (Maine-et-Loire), il fut élu sénateur du Maine-et-Loire en 1895. Réélu en 1897 puis en 1906, il prit place au groupe de la droite monarchiste. Propriétaire d'un domaine agricole, ayant hérité de son oncle Falloux, les célèbres étables du Bourg d’Iré, il intervint dans la plupart des débats agricoles. Il publia les Mémoires d 'un royaliste de son oncle peu après son décès.

9Adrien Marie de Blois, vicomte de Beauregard (1858-?), venait d’épouser, le 23 novembre 1881, Marie Ernestine Thérèse Mizzi (1860-1950).

10Madeleine de Castellane, née de Juigné (1847-1934), elle avait épousé Antoine de Castellane en 1866.

11Stanislas de Castellane (1875-1959, fils cadet de Madeleine et d’Antoine .de Castellane.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «14 décembre 1881», correspondance-falloux [En ligne], 1881, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 27/03/2018