CECI n'est pas EXECUTE 19 septembre 1881

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19 septembre 1881

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

Le 19 septembre 1881*

Chère Madame,

Je reçois en même temps une bien bonne lettre de Madeleine1 et une de vous, avec celle de M. Robin que vous devez retrouver ci-incluse. Je lui enverrai ma signature aussitôt qu’il la demandera. Tous les d’Armaillé2 sont en excellent état et tous rentrés à la Douve3. Veuillez à la première occasion faire parvenir aux pauvres qu’au carré bien sincère condoléances.

Mme de Caradeuc4 allait un peu de mieux la semaine dernière, mais la voilà qui retombe dans de très mauvaises nuits, sans que toutefois elle allègue une souffrance déterminée. L’Union de l’Ouest doit vous apporter aujourd’hui même le comice agricole de Segré5 ; vous y verrez que tout a été extrêmement aimable de la part de Fitz-James6 et du général d'Andigné7, mais que Léonce de Terves8 s’est bornée à un remerciement banal. Je dois ajouter qu’il est plus expansif dans la conversation privée. Il a fait des frais pour les libéraux de Segrè et, le lendemain, il est allé à Pouancé9 faire une visite à tous les hommes de la même couleur. Ils paraissent contents et c’est tout ce qu’il faut. Quant à ce qui concerne Georges de Blois10, on m’a raconté qu’il était arrivé à Angers avec l’intention de tuer tous les rédacteurs de l’Étoile et quelques-uns de ses propriétaires11, mais que les amis, auxquels il avait dû s’adresser pour cela, l’avait fait renoncer à ce massacre. Ils ont composé ensemble une lettre qui a paru dans l’Union de l’Ouest d’avant-hier et que jusqu’ici l’Étoile, qui l'a reçu la première, n’a pas publié. Ce sont définitivement des cochons, expression que je ne me serais pas permise près de vous, chère Madame, si Antoine12 ne l’avait fait agréer à la reine de Prusse. Ah ! l’Algérie ! l’Algérie.

A. de F.

P.S. M. Lemanceau13 vient de découvrir que Salmonière14 s’est séparé, il y a deux mois, d’un cocher que tout le monde dit très bon et très sûr. Antoine pourrait d’abord interroger Salmonière; pendant ce temps M. Lemanceau recueillera d’autres renseignements.

 

 

*Archives nationales. Fonds Castellane.

1Madeleine de Castellane (1847-1934), née Leclerc de Juigné ; elle était, depuis le 3 avril 1866, l'épouse d'Antoine de Castellane.

2Armaillé Henri Louis de la Forest, comte d' (1822-1882), propriétaire foncier demeurant au château de La Douve, au Bourg d'Iré. Marié le 17 mars 1851 avec Célestine Marie Amélie, née de Ségur de Ponchapt (1830-1918).

3Château de La Douve, au Bourg d'Iré, résidence des d'Armaillé.

4Emilie-Marie-Charlotte de Caradeuc, née de Martel (1801-1882), belle-mère d'Alfred de Falloux.

5Pour Falloux et ses amis, le comice agricole de Segré leur offrait l'occasion de prononcer des discours politiques.

6Fitz-James, Édouard, Antoine, Sidoine de (1828-1906), propriétaire du château de la Lorie, près de Segré, en Maine-et-Loire, et donc voisin de Falloux auquel il était lié d'amitié.

7Andigné Henri Marie Léon d', marquis (1821-1895), militaire et homme politique. Pair de France en 1847, général de brigade en 1875, il était entré en politique comme conseiller général élu en 1871, il se fit élire en 1876 au Sénat, comme candidat conservateur par le Maine-et-Loire. Il sera constamment réélu dans la chambre haute où il siégera jusqu'à son décès.

8Terves, Léonce Pierre Gabriel, comte de (1840-1916), homme politique. Candidat conservateur-royaliste en 1876 dans l'arrondissement de Segré, il sera battu par son adversaire bonapartiste, Louis Janvier de La Motte. Plus heureux dans le même arrondissement, le 21 août 1881, M. de Terves fut élu député par 7.688 voix (14.298 votants, 17.489 inscrits), contre 6.421 au député sortant.

9Pouancé, chef-lieu de canton, limitrophe du canton de Segré.

10Blois Georges Aymar, comte de (1849-1906) neveu de Falloux, propriétaire du château de Huillé (Maine-et-Loire). Maire de Daumeray (Maine-et-Loire) en 1888 puis conseiller général du canton de Durtal (Maine-et-Loire), il fut élu sénateur du Maine-et-Loire en 1895. Réélu en 1897 puis en 1906, il prit place au groupe de la droite monarchiste. Propriétaire d'un domaine agricole, ayant hérité de son oncle Falloux, les célèbres étables du Bourg d’Iré, il intervint dans la plupart des débats agricoles. Il publia les Mémoires d 'un royaliste de son oncle peu après son décès.

11Voir lettre de Falloux à Pauline de Castellane du 14 septembre 1881.

13Jean-Baptiste Lemanceau, régisseur du domaine des Falloux.

14Charles Goguet de la Salmonière (1804-1883), propriétaire à Saint-Gemmes d'Andigné, dans le Segréen.

 


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «19 septembre 1881», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1881,mis à jour le : 03/04/2018