CECI n'est pas EXECUTE 21 mars 1865

Année 1865 |

21 mars 1865

Lucien-Anatole Prévost-Paradol à Alfred de Falloux

Dimanche 21 mars 1865

Mon cher confrère,

Les électeurs les plus influents de M. Lanjuinais1 me pressent d’accepter sa succession à Nantes, et nous devons avoir après-demain mardi une entrevue à Nantes pour causer à fond de cette candidature2. Les dispositions de la gauche ne sont pas défavorables et il n’y a pas, me dit-on grand effort à faire pour me faire accepter au nom de l’Union libérale3. Mais la droite est, m’assure-t-on, plus rebelle et l’on craint la scission ou l’opposition du journal L’Espérance4. On me demande donc de Nantes de faire agir auprès de M. de la Rochette5 les personnes les plus influents de cette nuance. J’ai pensé que vous feriez pour moi ce que notre cher Berryer avait déjà fait pour me soutenir en pareille circonstance et ce que je ferais de grand cœur pour vous si j’en avais l’occasion et le pouvoir. Si vous êtes disposé à me donner cette assistance je vous serais reconnaissant ; mon cher confrère6 et allié de le faire le jour même afin que votre lettre coïncidât avec mon passage à Nantes et que L’Espérance n’ait pas eu le temps de s’engager [mot illisible] contre moi.

Quoique vous décidiez, veuillez croire à mon bien sincère attachement.

Prévost-Paradol

 

1Victor-Ambroise Lanjuinais, vicomte (1802-1869), homme politique. Second fils du célèbre conventionnel, il débuta sa carrière comme avocat puis entra dans la magistrature en 1830. Destitué en 1831 en raison de ses opinions libérales, il combattit le socialisme et se fit le porte-parole du Laisser-faire. Député de 1837 à 1848 (collège de Nantes extra-muros) puis député de la Loire Inférieure sous la Seconde République. En 1844, il acheta, avec son ami Tocqueville et de Corcelle, le journal Le Courrier où il traitait les questions économiques et maritimes. Ministre de l'Agriculture dans le second cabinet Barrot du 2 juin au 31 octobre 1849, puis ministre de l’Instruction Publique par intérim (remplacement de Falloux). Il protesta contre le coup d'État et fut détenu quelque temps à Vincennes. Il défendit le pouvoir temporel du pape. Il fut élu député du tiers parti en 1863 pour la Loire Inférieure.

2Prévot-Paradol cherchait à se faire élire dans une grande ville à l’occasion des prochaines élections municipales de 22 et 23 juillet 1865.

3Formée à l'occasion des élections législatives de 1863, l'Union libérale regroupait les légitimistes libéraux tels que Berryer et les orléanistes, avec Thiers. Ce rapprochement permit aux uns et autres de faire entrer l'un des leurs au Corps législatif.

4L’Espérance du peuple, journal dirigé par E. de la Rochette, voir note ci-dessous.

5Légitimiste, fidèle inconditionnel du comte de Chambord, Emerand de la Rochette (1803-1880) n'a de cesse d'attaquer les idées de Berryer en faveur de la « fusion »et adoptera la même attitude à l'encontre de Falloux et de ses amis. Publiciste, il est le fondateur et le directeur de L'espérance du peuple (1852-1876), organe des légitimistes de Loire-Atlantique.

6Prévost-Paradol venait d’être élu à l’Académie française.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «21 mars 1865», correspondance-falloux [En ligne], Année 1865, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Année 1852-1870, Second Empire,mis à jour le : 21/01/2019