Année 1857 |
28 février 1857
Abel Villemain à Alfred de Falloux
Paris, ce 28 février 1857
Monsieur et cher confrère,
J’aurais à vous remercier personnellement de votre obligeant souvenir ; mais je dois aujourd’hui le réclamer d’office et pour un intérêt plus grave : il s’agit de réception et d’élection.
L’Académie étant nombreuse, à cette époque de l’année, quelques membres de la Compagnie insistent, pour ne pas différer, au-delà du milieu, ou de la fin de mars, l’élection, que nous impose une perte encore récente et bien douloureuse.
Il a paru autrefois, Monsieur et cher confrère, que vous deviez être consulté d’abord et laissé libre de rapprocher votre réception de manière à précéder l’élection. Cela porterait la première date au jeudi 26 mars1, et la seconde au jeudi 2 avril. Restent maintenant, Monsieur et cher confrère, vos convenances de santé et de travail. M. Brifaut2 que j’ai eu l’honneur de voir hier chez lui souffrant, mais très actif d’esprit veut que toute option vous soit donnée. Il aime votre discours, et il a fait sa réponse, qu’il ne se propose pas de lire lui-même. Il admet donc fort bien la séance, dans un délai prochain. Veuillez juger ce qui vous est le plus agréable d’ailleurs, et indiquer si quelque temps vous est nécessaire. Je dois jeudi prochain faire connaître votre intention à l’Académie.
Je n’ai pas besoin d’ajouter à ma mission l’expression des sentiments bien affectueux que vous me connaissez. J’espère que votre indisposition de la vue aura cessé par le repos. Et nous serons tous charmés plus tôt ou plus tard d’entendre votre voix.
Agréez, Monsieur et cher confrère, ma haute considération et mon sincère attachement.
A. Villemain
1C’est bien le 26 mars 1857 que Falloux, qui venait d’être élu à l’Académie française, prononcera son discours de réception sous la Coupole.
2Brifaut, Charles (1781-1857), poète. Rédacteur à la Gazette de France, il est, comme Falloux, légitimiste libéral. Il était entré à l'Académie française en 1826.
