CECI n'est pas EXECUTE 25 octobre 1877

1877 |

25 octobre 1877

Alfred de Falloux à Jules de Bertou

25 octobre 1877

Cher ami, je salue par vous tous les habitants de Rochecotte, et j’offre mille vœux du fond du cœur à ceux qui restent comme à ceux qui vont partir. En retour, j’attends de vous un bulletin détaillé de toutes les santés, y compris la vôtre. Comment se tire-t-elle des tentations auxquelles vous aurez certainement succombé ? Vous ne m’avez répondu sur Julien : j’en ai conclu que vous ne vouliez pas vous en embarrasser, et il vous attend paisiblement ici, très désireux d’y reprendre ses soins pour vous.

Le mariage Lemanceau1 s’est accompli avant-hier par une pluie battante qui, ne tombant que sur des agriculteurs, n’a affligé personne il y a eu trois dîners de la propre main de M. Chauveau, cuisinier d’Angers, que vous avez connu à l’œuvre une fois pour nous, lundi soir après la signature de l’acte civil qui a été fait à la ferme, le mardi à midi au retour de l’église, le mardi à six heures avant le bonsoir. Hier, Monsieur et Madame Ségot en très bonne mine et d’un air fort réjoui, sont partis pour Ste-Gemmes2. Monsieur Lemanceau m’a tout à fait rappelé Albert [de Rességuier] quand il a marié Berthe3. Il fait cependant bonne contenance, mais on voit que cela lui coûte beaucoup. Le volume de Madame de Castellane et le vôtre ont été fort admirés et de nouveaux forts remerciés.

Madame de Castellane m’a fait vous dicter à Caradeuc ma conversation orageuse avec Monsieur Thiers à laquelle elle avait assisté, et je crois qu’elle l’a emporté à Rochecotte, en disant qu’elle la conserverait mieux que moi. Si mon souvenir ne me trompe pas et si cette conversation est sous sa main sans recherche fatigante, veuillez la lui demander et me la rapporter, car j’en suis là, ce qui vous prouve que mon travail touche presque à son terme. Je l’ai repris sans entrain, mais avec persévérance. Si j’en juge par l’impression non exprimée mais visible de M. de Bénnetot4, la seconde moitié est plus ennuyeuse que la première et attend respectueusement le jugement sans appel du chef du parti Bertou. À ce propos, pourquoi ne m’avez-vous pas dit ce que vous avez répondu à votre curé sur le sujet Cochin ? Je comprends que ces deux premières objections aient été facilement levées et je vous en fais grâce, mais je serai curieux de savoir comment vous avez réfuté la troisième sur le Syllabus qui était plus grave et plus spécieux ?

Alfred

1Jean-Baptiste Lemanceau est le régisseur du domaine de Falloux. Voir lettre du 24 septembre 1877.

2Ste Gemmes d’Andigné, en Maine-et-Loire.

3Berthe Benoist d’Azy, née de Rességuier(1850-1899), fille cadette d'Albert de Rességuier.

4Secrétaire de Falloux.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «25 octobre 1877», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1877,mis à jour le : 05/01/2023