CECI n'est pas EXECUTE 5 juillet 1881

1881 |

5 juillet 1881

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

5 juillet 1881

Chère Madame,

Je viens saluer votre retour à Évian avec mille vœux pour que vous laissiez maintenant, sans nouveau voyage, votre traitement opérer le bien que nous lui demandons avec tant d’ardeur. J’attends pour remercier directement l’abbé Couvreux, qu’il soit tout seul à Uriage1. D’ici là, je le prie de partager avec vous tout ce qui s’adresse du Bourg d’Iré à Dieu. Ici, nous gardons encore notre statu quo, quoique Madame de Caradeuc2 ait été moins bien hier et avant-hier ; ce matin, elle paraît reprendre son équilibre.

On ne sait rien ici du sort de la pauvre duchesse des Cars ; on ne pourrait avoir de ses nouvelles que par les La Ferronnays3 et Saint-Mars est inhabité en ce moment. Je ne sais non plus de Sablé que ce qui me vient par vous. L’abbé Routaboul m’a écrit une très bonne lettre, mais il ne me parlait que de sa charitable condoléance.

Le mécontentement de la princesse R4 quels que soient mes très fidèles sentiments envers elle, ne me paraît pas de très mauvais augure pour le nonce5 s’il a vraiment la source que vous lui supposez, ce qui me paraît, comme à vous, infiniment probable. Tant de malheurs bêtes nous sont déjà venus de ces messieurs la que je ne puis pas considérer comme très mal inspirés les gens qui travaillent à nous en affranchir, en s’en affranchissant eux-mêmes.

Je remercie vivement Mlle Dubois6 et me recommande encore à sa bonté pour l’avenir. M. Penaud7 vient de s’abonner à L’Étoile, pour me raconter fidèlement les exploits que ce journal va montrer aux prochaines élections ; si j’en juge par Henry d’Armaillé8, ils sont plus extravagants que jamais. Vous aurez le général de Rochebouet9 à Évian, mais probablement après votre départ. Si j’étais à sa place, soyez sûre, chère chère Madame, que je n’arrangerai pas ainsi mes dates.

A. de F.

 

1Station thermale en Isère.

2Emilie-Marie-Charlotte de Caradeuc, née de Martel (1801-1882), belle-mère de Falloux.

3 Guillelmine Marie Lucie de La Ferronnays, née Gibert (1823-1894), veuve d'Adolphe Ferdinand Ferron de la Ferronnays (1814-1866), propriétaire du château de Saint-Mars, à Saint-Mars la Jaille, en Loire-Atlantique.

4Marie Dorothée Élisabeth Radziwill, princesse (1840-1915), née de Castellane, elle est la fille de Pauline de Castellane, la châtelaine de Rochecotte. Le 3 septembre 1857, elle avait épousé à Sagan, en Pologne, Frédéric-Guillaume-Antoie, prince Radziwill (1833-1904), militaire prussien. Femme de lettres, on lui doit la publication des Souvenirs de sa grand-mère, la Duchesse de Dino, Chronique de 1831 à 1862, Paris, Plon, 1909-1910, 4 vol.

5Mgr Czacki, Włodzimierz, (1835-1888). Nommé par Léon XIII à la nonciature de Paris, en 1879, il fut chargé d'appliquer la nouvelle politique du Saint-Siège et en particulier de convaincre les catholiques de ne plus lier leur intérêts à la cause royaliste et d'accepter les nouvelles institutions que la France s'était données. Considéré comme l'allié des catholiques libéraux, il n'était guère apprécié de Veuillot et de ses amis qui plaidaient auprès du Saint-Siège pour son remplacement. Secrétaire de la Congrégation des Études de 1875 à 1877, secrétaire de la Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires de 1877 à 1879, cardinal en 1882.

6Secrétaire de Pauline de Castellane.

7Secrétaire de Falloux.

8Henri d'Armaillé (1820-1892), fervent légitimiste, propriétaire du château de La Douve, au Bourg d4iré, proche voisin de Falloux, il avait été élu maire de Segré le dimanche 16 janvier 1881.

9Gaston de Grimaudet de Rochebouet (1847-1909), général et homme politique. Propriétaire foncier à Chaumont d'Anjou (Maine-et-Loire), il fut brièvement président du conseil sous la présidence de Mac-Mahon, du 23 novembre au 13 décembre 1877.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «5 juillet 1881», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1881,mis à jour le : 22/04/2019