CECI n'est pas EXECUTE 18 octobre 1881

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18 octobre 1881

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

18 octobre 1881

Chère Madame,

Veuillez offrir à Boni1 et à Jean2 mes plus tendres félicitations et à M. l’abbé Routaboul ma part dans la reconnaissance de tout Rochecotte, à laquelle je suis absolument identifiée. Quelle bonne arrivée c’eut été pour moi que de jouir de ces couronnes toutes fraîches et d’avouer aux deux jeunes écoliers que pour mon compte, je n’ai jamais été le premier dans une classe aussi nombreuse et, par conséquent, dans des conditions aussi difficiles ! Comme ce succès-là doit redoubler leurs ardeurs ! Les journaux m’apprennent que le petit duc d’Orléans3 suit maintenant les cours de Stanislas ; Boni et Jean lui disaient sur la plage de Dinard : « Mgr veux-tu jouer ? » Maintenant, ils vont lui dire « Mgr veux-tu travailler ? » Je demande à être tenu au courant de cette belle émulation.

Quand au départ, il m’est plus impossible que jamais d’y penser. On a été obligé de revenir aux anciennes médecines, mais en augmentant les doses très fortement et le fonctionnement général se désorganise de plus en plus. J’ai écrit au duc de Broglie combien il m’en coûtait de ne pouvoir aller au devant de lui. Cela ne l’empêchera pas d’aller à Rochecotte, mais je doute qu’il puisse venir jusqu’au Bourg d’Iré. Les affaires politiques s’embrouillent tellement qu’il me paraît bien difficile aux sénateurs de ne pas se recorder un peu avant le 27. M. de Soland4 est venu passer la journée d’avant-hier ici ; il était déjà convoqué pour une réunion préparatoire de toute la minorité. Il est vrai que c’était pour le mettre en garde contre la domination de Mgr Freppel qui proclame à qui veut l’entendre que toute la droite se résume en M. de Mun et lui, que tout M. de Mun se résume en Mgr Freppel et que chacun doit en faire autant. Veuillez dire à Madame Craven combien il m’en coûte de ne pas profiter de son retour, ne fût-ce que pour lui dire combien je m’intéresse aux amours de Raynald et d’Éliane ! Aura-t-elle un moyen de faire savoir à son neveu ce que c’est que son général Freppel ? Les revenants de Saint-Mars5 disent que rien n’est plus touchant que la marquise de la Ferronnays. Comment va la tête de l’abbé Couvreux?

A. de F.

 

 

1Castellane, Boniface de (1867-1932), dit « Boni », petit-fils de Pauline de Castellane.

2Jean de Castellane (1868-1948), petit-fils de Pauline de Castellane.

3Sans doute Philippe d'Orléans (1869-1926), prétendant au trône de France de 1894 à 1926, qui épouse en 1896 Marie-Dorothée d'Autriche : ils se sont séparés avant d'avoir une descendance ; la succession passe à Jean d'Orléans (1874-1940), duc de Guise.

4Conseiller général du canton de Thouarcé (Maine-et-Loire), Théobald de Soland (1821-1906) était un collaborateur de L'Union de l'Ouest. Venu suivre les cours de droit à la Faculté de Paris, il s'était lié avec Augustin Cochin, puis avec A. de Falloux. Revenu en Anjou en 1851, il entra dans la magistrature, puis devint conseiller Cour d'appel d'Angers. Entré au Conseil général en 1870, il fut élu député le 5 mars 1876 et constamment réélu jusqu'en 1898. Il siégea avec la droite.

5Saint-Mars-La Jaille, près d'Ancenis (Loire-Atlantique), château propriété des La Ferronnays.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «18 octobre 1881», correspondance-falloux [En ligne], 1881, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 30/11/2018