CECI n'est pas EXECUTE 12 juillet 1881

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12 juillet 1881

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

Le 12 juillet 1881

Chère Madame,

Vous avez eu raison de dire à Mlle Dubois1 et je la remercie de m’avoir répété que je n’avais pas une confiance absolue dans votre discernement en ce qui touche Mgr d’Orléans2. J’ai eu le tort, en effet, mais uniquement sur ce point spécial par ce que la je ne crois pas votre discernement entièrement libre. Vous vous êtes faits, Mlle Dubois et vous, une idée que Mlle Dubois a merveilleusement traduit par sa plume et que vous traduiriez également bien par la vôtre, chère Madame, si vous vouliez l’y employer, mais vous voulez vous infuser dans M. l’abbé Lagrange3 et c’est en cela qu’a consisté votre erreur momentanée. Je dis momentanée parce que Mlle Dubois m’assure que vous proposiez d’y renoncer à La Combe4 et que monsieur Lavedan5 me l’a confirmé. Il me parle aussi de l’intervention de l’évêque de Moutiers6 qui aurait fort insisté pour la plus grande dose possible de sincérité ; je n’en demande pas davantage je forme maintenant les mêmes vœux que les vôtres pour que l’abbé Baunard7 ne gagne pas l’abbé Lagrange de vitesse.

Dieu soit loué du bon effet de votre voyage sur votre santé et de la reprise de votre traitement ! Vous ne me dites rien de l’abbé Couvreux. Dois-je maintenant lui écrire à Uriage ? Je le voudrais doublement car les journaux d’hier m’apprennent que le malheureux abbé Bernard a eu tous les guignons à la fois. Jules Ferry l’a lâché et l’évêque d’Angers8 l’a défendu ! Voilà maintenant le cardinal bien au pied du mur. Que va-t-il faire ? C’est ce que je voudrais demander à l’abbé Couvreux.

Mon frère9 nous laisse encore dans la même incertitude et je ne pense pas qu’il nous en tire avant une huitaine de jours, sa résolution dépendant du résultat de Tivoli et Tivoli devant se prolonger jusqu’à la fin de juillet environ. Madame de Caradeuc10 reste dans le même état sans aggravation ni amélioration. Elle vous envoie comme nous, chère Madame ses sentiment les plus fidèles.

A. de F.

P. S. Que dit Henri Cochin11 de l’Italie en guerre ?

1Secrétaire de Pauline de Castellane.

2Mgr Dupanloup.

3François Lagrange (1827-1895), secrétaire de Mgr Dupanloup; vicaire général d'Orléans en 1860, chanoine titulaire de Paris en 1880, évêque de Chartres en 1889. Il travaillait à une importante biographie de Mgr Dupanloup,  qu’il publiera deux années plus tard, Vie de Mgr Dupanloup, évêque d'Orléans, 3 vol., Paris, 1883-1884.

4Château de La Combe de Lancey, en Isère, propriété d’Albert du Boys (1804-1889), magistrat, un proche de Mgr Dupanloup qui aimait y séjournait.

5Léon Lavedan y avait séjourné en même temps que Pauline de Castellane.

6Mgr Turinaz, Charles, François (1838-1918), évêque de Moutiers-Tarentaise depuis 1873, il sera nommé évêque de Nancy le 23 mars 1882.

7Baunard, Louis (1828-1919), vicaire, puis chanoine de la cathédrale d’Orléans. Docteur en théologie, essayiste, il collaborait au Correspondant.

8Mgr Freppel.

10Emilie-Marie-Charlotte de Caradeuc, née de Martel (1801-1882), belle-mère de Falloux.

11Henry Cochin (1854-1926), fils d'Augustin Cochin, l'ancien directeur du Correspondant et ami de Falloux, homme politique, il était spécialiste de l'histoire et de la littérature italienne de la Renaissance.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «12 juillet 1881», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1881,mis à jour le : 16/12/2018