CECI n'est pas EXECUTE 16 février 1882

1882 |

16 février 1882

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

Le 16 février 1882

Chère Madame,

Je suis dans un grand coup de feu parce que M. de Rességuier, M. Roze1 et M. Jardry2 commencent aujourd’hui même l’impression de mes deux volumes3 et que j‘ai affaire coup sur coup une foule de réponses très détaillées.

Je ne vous cache rien sur M. Lavedan. De Rome, il m’a écrit : « J’avais mis là des intérêts très sérieux ! » et je vous l’ai répété. De Paris, il m’a écrit : « Je ne saurai pas encore d’ici à quelque temps quelle est l’étendue de ma perte ; en outre, je suis repris par les yeux, au moment où j’aurais le plus besoin de m’en servir. Pardonnez-moi donc les lacunes forcées de ma correspondance ! » Il ne m’a jamais parlé du Pape4 et du cardinal Jacobini5 qu’en se louant beaucoup de leur accueil et gémissant de la faiblesse de leur politique, sans rien préciser.

Si les Chemellier ont perdu quelque chose, ils ont tout perdu, car ils sont très peu riches. M. M. Loriol6 l’est beaucoup7. Je lui ai toujours entendu professer une extrême prudence en tout ce qui regarde la bourse et n’importe quel agiotage. Je n’en sais pas davantage.

Veuillez dire à M. l’abbé Bernard8 que je me fais une grande fête d’aller l’entendre à la Sorbonne, si je dois jamais retourner à Paris.

Pardon, pardon, chère Madame, c’est un grand soulagement et un grand avantage de faire faire ses livres pour ses amis ; il faut bien cependant, bon gré, mal gré, s’en mêler encore un peu.

A. de F.

1Roze Pierre-Gustave (1812-1883), militaire. Promu enseigne de vaisseau en 1837, il prit part à l'expédition du Mexique. Capitaine de vaisseau en 1856, contre-amiral en 1862, il fut nommé gouverneur de Cochinchine en 1865. Il quitta le service actif en 1877.

2Secrétaire de Falloux.

3F. Roze et A. de Rességuier travaillaient sur le manuscrit d'A. de Falloux qui devait réunir plusieurs de ses discours et brochures. L'ouvrage comprenait deux volumes qui seront publiés quelques mois plus tard sous le titre Discours et mélanges politiques, Paris Plon, 1882.

5Lodovico Jacobini (1832-1887), nonce à Vienne depuis 1874, il avait été nommé cardinal en 1879, et venait d'être nommé secrétaire d'État.

6Loriol de Barny, Edouard (1834-1884), notaire et administrateur de la Banque de France. Il fut maire d’Angers du 29 juillet 1877 au 27 décembre 1877.

7Falloux fait ici allusion à la faillite de L’Union Générale, une banque catholique fondée en 1878 par Paul Eugène Bontoux (1820-1904), industriel, banquier et homme politique. Suite à de multiples opérations de spéculation la banque s'était effondrée en janvier 1882 entraînant avec elle la faillite de plusieurs agents de change de la Bourse de Lyon puis de la Bourse de Paris

8Bernard Eugène (1833-1893).


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «16 février 1882», correspondance-falloux [En ligne], 1882, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 14/01/2019