CECI n'est pas EXECUTE 3 juillet 1882

1882 |

3 juillet 1882

Alfred de Falloux à l'abbé Couvreux

3 juillet 1882*

Cher Monsieur l’abbé,

J’étais bien impatient de vous laisser auprès de Madame de Castellane et je suis très heureux de penser qu’à cette heure-ci elle goûte la consolation et la force de votre présence. J’espère que tout assaut lui sera épargné, car, dans l’état de sa santé ; une aggravation volontaire serait une erreur. En tout cas, le conseil et l’appui ne lui manqueront pas désormais.

Pour moi, plus je m’enferme dans ma solitude, plus je sens qu’elle est ma vocation définitive. Je m’en ferai un remords si je croyais qu’elle enlève quelque chose de réel à quelque intérêt ou à quelque bien ; mais depuis longtemps, je constate mon impuissance partout où je voudrais le plus porté à secours, soit dans les épreuves privées, soit dans les épreuves publiques et il est bien temps d’accepter au moins ces derniers jours, tel que Dieu veut nous les faire manifestement.

Je vous ai écrit le que je savais sur l’évêque de Versailles1. Je puis ajouter maintenant que c’est bien le curé de M. de Cackeray2 qu’on transfère à Saint-Denis ; par contre, on dit que la salle est en vente : est-ce vrai ? J’ai eu d’Angers la visite de Monsieur de Quinsonas3, m’annonçant ses espérances de paternité qui débutent par rendre sa femme4 immobile et ajournent toute visite au Bourg d’Iré. Je suis de plus en plus content de tout ce qui se montre en lui et je crois que les Mackau ont fait la trouvaille qu’ils cherchaient comme je l’ai faite, pour un moindre sujet dans M. Roze5. La semaine prochaine, j’attends les Kernier à qui je remets immédiatement Caradeuc 6; cela ne paraît provoquer aucun éclat de mécontentement dans le reste de la famille et les gens de Becherel7, tout en exprimant des regrets bienveillants, expriment leur satisfaction de ce choix8. Espérons donc que là aussi, il n’y aura pas de déception et que les vrais donateurs veilleront sur lui aussi. Je me réserve une vente un peu inférieur au revenu de la terre est déjà sur à perpétuité l’existence de la salle d’asile, tant que salle d’asile il pourra y avoir.

À votre tour maintenant, cher Monsieur l’abbé, de me dire tout ce qui se passe à Évian et tout ce qui [mot illisible] aux bains. J’ai adressé mon remerciement à Teplitz9 ; la princesse Radziwill10 y était-elle aussi et l’a-t-elle reçu ? Un {mot illisible] quelconque à ce sujet, dans la Correspondance de Madame de Castellane me ferait plaisir pour éviter toute chance de malentendu.

Mille vœux

A. de F.

 

*Archives nationales. Fonds Castellane.

1Mgr Goux, Pierre Paul Antoine (1827-1904), ordonné prêtre en 1851, il avait été nommé évêque de Versailles en 1877.

2Charles de Cacqueray (1830-1894), propriétaire du château de La Salle, à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire).

3Quinsonas, Humbert, Albert Marie Octavien de (1856-1903), militaire. Ancien élève de l’École de Saint-Cyr.

4Marie Anne Félixine de Qionsonas, née de Mackau (1860-1891), nièce de Falloux.

5Roze, Pierre-Gustave (1812-1883), militaire. Promu enseigne de vaisseau en 1837, il avait pris part à l'expédition du Mexique. Capitaine de vaisseau en 1856, contre-amiral en 1862, il sera nommé gouverneur de Cochinchine en 1865. Il avait quitté le service actif en 1877. Falloux en avait fait son collaborateur pour la rédaction de ses Mémoires.

6Voir ci-dessous.

7Le bourg de Bécherel, commune d'Ille-et-Vilaine, est le bourg le plus proche du château de Caradeuc, propriété des beaux-parents de Falloux.

8Falloux venait de faire don du château de Caradeuc à Paul Le Cardinal, marquis de Kernier (1836-1888) et à son épouse, Gabrielle Hay des Nétumières (1835-1920) descendant de La Chalotais.

9Teplitz, station thermale, aujourd’hui en République tchéque.

10Radziwill, Marie Dorothée Élisabeth, princesse (1840-1915), née de Castellane, elle est la fille de Pauline de Castellane, la châtelaine de Rochecotte. Le 3 septembre 1857, elle avait épousé à Sagan, en Pologne, Frédéric-Guillaume-Antoie, prince Radziwill (1833-1904), militaire prussien. Femme de lettres, on lui doit la publication des Souvenirs de sa grand-mère, la Duchesse de Dino, Chronique de 1831 à 1862, Paris, Plon, 1909-1910, 4 vol.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «3 juillet 1882», correspondance-falloux [En ligne], 1882, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 20/01/2020