CECI n'est pas EXECUTE Ier novembre 1878

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Ier novembre 1878

Joseph de Bennetot à l'abbé Couvreux

1er novembre 1878

Monsieur l’abbé,

Je demande à Mme de Castellane la permission de faire passer par vous le bulletin du Bourg d’Iré qu’elle me fait l’honneur de me demander : j’ai en effet, envers votre bonté, une dette déjà vieille et dont ma reconnaissance ne veut pas différer davantage l’acquittement.

Avant tout, je suis chargé d’exprimer à Rochecotte la vive part que prend tout le Bourg d’Iré au douloureux accident de Valençay, et d’en solliciter des nouvelles. M. de Falloux et ces dames forment pour qu’elles soient rassurantes des vœux bien ardents auxquels je me permets de m’associer avec la sympathie la plus respectueuse.

Ici les santés, toujours médiocres, continuent à ne donner aucune inquiétude. Mme Caradeuc grâce aux sangsues et à une purgation énergique, a repris son équilibre et sa vie habituelle. M. de Falloux soigne sa bronchite qui s’améliore lentement mais certainement : M. Letort1, venu mardi, s’est déclaré satisfait après une réauscultation attentive. Mais il prescrit des précautions plus minutieuses que jamais, et le lit, le silence, sont toujours au premier rang.

Comme compensation à cet ennuyeux régime, M. de Falloux reçoit, chaque matin, des adhésions chaleureuses signées d’amis connus ou inconnus : il s’en réjouit pour la cause qu’il s’efforce de servir. Mais il veut que je répète, de sa part, à Rochecotte2, qu’aucune approbation ne lui pouvait être plus précieux que la sienne, et il vous prie, Monsieur l’abbé, de vous faire tout spécialement de nouveau son interprète près de M. de Castellane pour son télégramme si sympathique et si chaud.

L’extrait de la lettre de la princesse Radziwill3 a vivement intéressé M. de Falloux, et il prie Mme de Castellane de vouloir bien transmettre sa vive gratitude à Berlin, à la première occasion. Il le ferait lui-même avec expression sans sa souffrance, et il n’y manquera pas, dés qu’il pourra dicter. M. de Falloux demande aussi à ce que son remerciement très sincère soit transmis à Miss Loyde quand une circonstance favorable se présentera.

Nous nous réjouissons bien d’un Jean4 arrondi, bien portant et laborieux ; mais un Boni5 pâle et convalescent nous attriste, et nous serions bien heureux que cette chère santé prit enfin le dessus ! Quant à Monsieur votre filleul, nous augurons de votre silence qu’il est toujours fort comme un turc et malin comme un singe, et nous vous en adressons, du fond du cœur, notre unanime compliment.

Veuillez agréer, Monsieur l’abbé, l’assurance de mes sentiments très respectueux et très dévoués.

J. de Bennetot

Y-a-t-il de l’indiscrétion à demander ce que pense et ce que dit de la Contre-Révolution6 M. le curé de St-Patrice 7?

1Médecin de la famille Falloux.

3Marie Dorothée Élisabeth Radziwill, princesse (1840-1915), née de Castellane, elle est la fille de Pauline de Castellane, la châtelaine de Rochecotte. Le 3 septembre 1857, elle avait épousé à Sagan, en Pologne, Frédéric-Guillaume-Antoie, prince Radziwill (1833-1904), militaire prussien. Femme de lettres, on lui doit la publication des Souvenirs de sa grand-mère, la Duchesse de Dino, Chronique de 1831 à 1862, Paris, Plon, 1909-1910, 4 vol.

4Jean de Castellane (1868-1948), petit-fils de Pauline de Castellane.

5Castellane, Boniface de (1867-1932), dit « Boni », petit-fils de Pauline de Castellane.

6Après le discours prononcé par A. de Mun à Chartres, le 8 septembre 1878 dans lequel celui-ci proclamait que le terrain sur lequel les catholiques devaient se réunir était celui de la « Contre-révolution », Falloux avait écrit une brochure critiquant vivement ce discours.

7Saint-Patrice, en Indre-et-Loire, où se situe le château de Rochecotte.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «Ier novembre 1878», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1878,mis à jour le : 13/03/2019