CECI n'est pas EXECUTE 14 septembre 1883

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14 septembre 1883

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

14 septembre 1883*

Chère Madame,

J’ai trouvé tous les Blois1 pénétrés de reconnaissance envers vous à qui ils ont écrit, même Adrien, et qui m’ont bien chargé de vous répéter les assurances les plus fidèles et les plus émues.

Vous devez retrouver si incluse la lettre de Madame Cochin2, je plains très vivement les vivants je ne puis parvenir à plaindre les morts. Avez-vous d’autres nouvelles de Madame Craven ?

La pauvre Zoé a reçu votre caisse d’oranges en me donnant à deviner d’où elle lui venait. Jugez si je me suis trompé ! Elle a obstinément voulu que j’en prisse une. Je l’ai prise, pour ne point lui faire une vraie peine et je vais la lui rendre en sous main. Elle les trouve parfaites et en jouit beaucoup. L’ulcération extérieure n’a pas encore commencé mais la nourriture devient de plus en plus impossible et, par conséquent, la faiblesse augmente beaucoup. Elle continue à parler toujours selon les illusions que peut-être elle n’a pas au même degré qu’elle les affecte.

Revenu hier pour dîner, je n’ai pas encore été à la Douve3 et je ne sais pas d’une façon officielle le décès de L’Étoile suivant LUnion au tombeau. Je crois cependant que le service funèbre célébré mardi à Angers par notre évêque4 en personne était aussi celui de son journal. La Gazette est-elle devenue plus raisonnable depuis qu’elle représente L’Union. Ce serait un singulier phénomène. Le marquis de Juigné5 y aura-t-il présidé en traversant à Paris ? c’est une des premières choses que je vous demanderai quand j’arriverai à Rochecotte, où j’arriverai au moins 24 heures plus tôt puisque Huillé6 est derrière moi au lieu d’être devant. Je me flatte donc de dîner avec vous mardi 25, venant d’Angers où j’aurais couché le lundi pour voir Cumont, toujours à la recherche de sa malle, contenant, sans me dire lesquels, des papiers importants.

j’espère que vous ne vous plaindrez plus de ne pas entendre parler de Lavedan, si vous avez lu votre Figaro d’avant-hier. Quoi que ce soit loin d’être complet, je fais venir un certain nombre de numéros pour les distribuer au près et au loin. Mgr Turinaz7 ne sera pas oublié dans cette seconde catégorie. Au revoir au revoir prochain, à tout Rochecotte.

 

A. de Falloux

 

*Archives nationales. Fonds Castellane.

1La famille venait de perdre l’un de ses membres. Blois Georges Aymar, comte de (1849-1906) neveu de Falloux, propriétaire du château de Huillé (Maine-et-Loire). Maire de Daumeray (Maine-et-Loire) en 1888 puis conseiller général du canton de Durtal (Maine-et-Loire), il fut élu sénateur du Maine-et-Loire en 1895. Réélu en 1897 puis en 1906, il prit place au groupe de la droite monarchiste. Propriétaire d'un domaine agricole, ayant hérité de son oncle Falloux, les célèbres étables du Bourg d'Iré, il intervint dans la plupart des débats agricoles. Il publia les Mémoires d 'un royaliste de son oncle peu après son décès.

2Adeline Alexandrine Marie Cochin née Benoist d'Azy (1830-1892), veuve d'Augustin Cochin.

3Château de la Douve, au Bourg d’Iré, propriété d’Henri d’Armaillé.

4Mgr Freppel.

5Juigné, Charles Gustave Leclerc de, comte de (1825-1900), homme politique français. Député de Loire-Inférieure de 1871 à 1898. Légitimiste ardent, il se fit inscrire à la réunion des Réservoirs.

6Huillé, commune du Maine-et-Loire où réside Georges de Blois, un parent de Falloux.

7Turinaz, Charles, François (1838-1918), évêque de Moutiers-Tarentaise depuis 1873, il sera nommé évêque de Nancy le 23 mars 1882.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «14 septembre 1883», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1883,mis à jour le : 14/12/2019