CECI n'est pas EXECUTE 25 novembre 1883

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25 novembre 1883

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

25 novembre 1883*

Chère Madame,

Venant de terminer la lecture des abominables lettres de Louis Veuillot1, je suis invinciblement préoccupé de tout ce qui se boit ou se mange et je commence par réparer un oubli que je commets depuis 15 jours. Ernest2 prie M. Dubois de vouloir bien lui réserver une barrique de son vin rouge de la tour d’argent et de l’envoyer par petites vitesses à l’impasse des Jacobins3, quand il croira le moment favorable à ce voyage, en nous avertissant par la poste, afin que nous fassions réclamer la barrique à la gare du chemin de fer,, si elle se mettait en retard ou avez envie de boire notre vin avant nous.

Je vous ai demandé si Hilaire [de Lacombe] satisfaisait ses maîtres et se formait un peu à leur service, vous ne m’avez pas répondu. Est-ce mauvais signe ou innocente omission ? Tous mes souvenirs au blessé quand vous irez le voir. Je serais bien occupé de lui, jusqu’à ce que je le sache en état de reprendre un travail quelconque. J’ai eu hier une lettre de l’abbé Lagrange4 qui parle toujours de son troisième volume, mais sans donner une parole ni surtout une date fixe. Je vais lui dire que dans une note à la correspondance de son frère, Eugène Veuillot répète que la traduction du bref de Pie IX à l’évêque d’Orléans5, au sujet du Syllabus6 a été fraudée. Oh! Quelle bêtise à moi d’avoir rendu au marquis de Juigné7 qui ne me demandait pas, la lettre de Dom Guéranger, reconnaissant loyalement qu’il s’était trompé en me servant cette même calomnie !

L’abbé Lagrange me dit que l’évêque de la Rochelle8 me donne rendez-vous à Rochecotte en se rendant à Rouen. J’accepte bien volontiers, mais un rendez-vous au mois de janvier est bien chanceux pour moi. Je vois du reste avec un sensible chagrin que sa promotion à l’archevêché de Rouen crée une chance de plus à l’évêque d’Angers9 pour l’archevêché de Tours !!

Veuillez me donner des nouvelles de la charmante jeune mariée et répéter à Georges que je ne lui pardonnerai pas la cérémonie d’une visite à l’impasse des Jacobins. J’ai reçu une très aimable lettre de sa mère accusant réception des volumes par lesquels je l’avais indignement remercié de l’envoi de la vierge Sobieski. Elle m’annonce aussi une lettre de M. Podleski, quand il sera de retour de Cracovie où il a été conduire l’original.

Et vous, chère, chère Madame, comment allez-vous ?

A. de F.

 

 

*Archives nationales. Fonds Castellane.

1Eugène Veuillot venait de publier les premiers tomes de la correspondance de son frère Louis Veuillot.

2Sans doute son cousin Charles Léon Ernest Leclerc, marquis de Juigné (1825-1886), homme politique. Propriétaire du château de Juigné-sur-Sarthe (Sarthe), il était membre de l'Assemblée nationale du 8 février 1871 où il siégeait avec les légitimistes; il était inscrit à la réunion Colbert et à celle des Réservoirs. Le comte et le marquis sont cousins. Plus modéré que son cousin, le marquis est un proche de Falloux.

3Domicile d’A. de Falloux à Angers.

4François Lagrange (1827-1895), secrétaire de Mgr Dupanloup; vicaire général d'Orléans en 1860, chanoine titulaire de Paris en 1880, évêque de Chartres en 1889. Il venait de publier une importante biographie de Mgr Dupanloup, Vie de Mgr Dupanloup, évêque d'Orléans, 3 vol., Paris, 1883-1884.

6Voir les correspondances de janvier 1865 qui abordent ce sujet.

7Juigné Charles Gustave Leclerc de, comte (1825-1900), homme politique. Député de Loire-Inférieure de 1871 à 1898. Légitimiste ardent, il se fit inscrire à la réunion des Réservoirs.

8Mgr Thomas, Léon Paul Charles (1824-1894)., évêque de Poitiers depuis 1867. Il sera promu archevêque de Rouen le 24 mars 1884.

9Mgr Freppel.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «25 novembre 1883», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1883,mis à jour le : 15/12/2019