CECI n'est pas EXECUTE 5 décembre 1883

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5 décembre 1883

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

5 décembre 1883*

Chère Madame,

Je voudrais bien être sûr que votre voyage d’Angers n’est pour rien dans votre renouvellement de souffrance. Veuillez donc maintenant m’en dire au moins la fin puisque c’est désormais la seule manière de me consoler sur le commencement.

L’Univers se tait piteusement et absolument sur LUnion de l’Ouest, ce dont vous êtes sûre d’avance puisque je ne vous ai rien envoyé !

J’ai longuement écrit à mon frère1 sur l’archevêché de Tours. Je n’ai encore vu qu’un instant M. de Soland qui allait passer 3 jours à la campagne. Il revient aujourd’hui ou demain retournant au Palais-Bourbon et ne repartira, soyez en parfaitement sûre, que bien muni de supplications et de renseignements de toutes sortes. Néanmoins, prècautionnez-vous de résignation. Si M. Wilson2 a réellement un parti pris dans la tête, mon frère et moi nous pèserons bien peu dans la balance.

A. de Maillé3 revient, peut-être par le même train et en tout cas par le même devoir que Soland. Il n’y aura rien de définitif que quand il aura repris langue à Paris. À Rennes, tout est parfaitement fini sous la présidence de M. Grivart4 qu’Antoine [de Castellane] a dû connaître à la Chambre.

Trois exemplaires de LUnion de l’Ouest partent pour l’abbé Couvreux par le même courrier.J’ai oublié de vous dire que j’avais très spécialement traité près de mon frère l’affaire de l’abbé Pouan.

Biche5 a dû recevoir hier par la poste un volume peu digne de la gravité de ses lectures, mais qui m’a séduit par le portrait de Philos on ne peut plus ressemblants, figure et physionomie. Embrassé sur chaque joue par deux enfants dont l’un ressemble à Biche comme si c’était lui et dont l’autre devait certainement me ressembler il y a 69 ans ! Je n’ai point pris le temps de lire le texte tout entier mais le peu que j’ai lu m’a paru irréprochable et j’ai compté pour le tout sur la vigilance de Madeleine6. Je compte aussi sur elle et sur vous, chère Madame, pour dire au patient et courageux Malherbe que je suis enchanté de le savoir absolument hors d’affaire et que je me régale tout à fait à l’idée de le retrouver sur sa bonne jambe dès que je pourrai revenir à Rochecotte.

 

*Archives nationales. Fonds Castellane.

2Wilson, Daniel (1840-1919), député de la gauche républicaine d’Indre-et-Loire, il plaide alors pour la nomination de Mgr Bellot des Minières, un « prélat républicain » au siège de l’archevêché de Tours alors vacant.

3Maillé, Armand Urbain Louis de La Jumellière de (1816-1903), député monarchiste de la circonscription de Cholet depuis 1871, il conservera son siège jusqu'en 1896, siégeant constamment avec l'Union des Droites.

4Grivart, Louis (1829-1901), avocat et enseignant à la Faculté de Droit de Rennes, il avait été élu député en 1871. Siégeant à droite, il vota contre Thiers et participa au gouvernement à Rennes en 1850, il enseigne à la faculté de droit de Rennes de 1853 à 1857. Il est bâtonnier en 1866 et 1867. Il fut élu député d’Ille-et-Vilaine en 1871, siégeant à droite, il vota contre Thiers et soutient le gouvernement d’A. de Broglie. Il sera ministre de l’Agriculture et du commerce dans le gouvernement d’E. Courtot de Cissey. Élu sénateur en 1876, il siégea à droite ; Battu en 1879, il retrouvera un siège de sénateur en 1893 qu’il conservera jusqu'à sa mort.

5Stanislas de Castellane (1875-1959), dit « Biche », troisième fils d’Antoine de Castellane.

6Madeleine de Castellane (1847-1934), née Leclerc de Juigné ; sa belle-fille, mariée le 3 avril 1866 avec Antoine de Castellane.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «5 décembre 1883», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1883,mis à jour le : 15/12/2019