CECI n'est pas EXECUTE 16 avril 1883

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16 avril 1883

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

16 avril 1883*

Chère Madame,

Albert [de Rességuier] m’a tout de suite transmis votre bonne lettre répondant à sa carte postale et vous avez du recevoir une lettre de moi vous disant déjà que Lavedan n’avait nulle liberté au Figaro. Il n’en a pas plus au Correspondant, et c’est de là qu’est née l’idée d’une brochure. Je vais lui montrer encore votre lettre, mais ce que je crains surtout, c’est qu’il n’ait le temps de rien faire. Denis Cochin1 m’a dit de sa propre bouche qu’il n’avait nullement assisté à Saint-Thomas2. Je lui ai dit qu’il était ignoble de l’avoir exploité ainsi en son absence. Il s’est mis à rire, sa mère aussi, et ils m’ont dit que cela ne valait pas la peine d’être démenti. Vous pensez bien que ce n’était pas mon avis, mais on a passé outre d’un air très dégagé. J’ai reçu peu après la visite de l’évêque d’Autun3. J’avais bien envie de lui demander s’il n’était pas dans le même cas que Denis Cochin, mais on m’a dit que dans le doute il ne serait pas délicat de l’interroger avant le baptême. Je le ferai tout de suite après. La brochure document à un immense succès, c’est par 12 est par 10 que l’on reçoit des demandes. Tout le monde veut, comme vous, pousser à la propagande. Je vais tout à l’heure porter à la rue Barbet de Jouy mes condoléances, sur la mort de la petite du Luart.

Au mois prochain, j’espère.

A. de F.

 

*Archives nationales. Fonds Castellane.

1Cochin, Denys (ou Denis) Marie Pierre Augustin (1851-1922), écrivain et homme politique. Fils d'Augustin Cochin, il fut attaché d'ambassade à Londres auprès du duc de Broglie. Député de Paris de 1893 à 1919, il fut l'un des principaux leaders du parti catholique à la Chambre. Œuvrant en faveur du ralliement des catholiques à l'Union sacrée, il sera nommé ministre d’État dans le cabinet Briand (octobre 1915-décembre 1916) puis sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères. Invoquant la rupture de l'Union sacrée il démissionna. Auteur de plusieurs ouvrages, il fut élu à l'Académie française en 1911.

2Les funérailles de Louis Veuillot eurent lieu en l’église de Saint-Thomas d’Aquin. Voir lettre du 16 avril 1883.

3Mgr Perraud Adolphe Louis Albert (1828-1906), prélat. Prêtre de l'Oratoire de France en 1855, professeur d'histoire de l’Église à la Sorbonne en 1865, il fut nommé évêque d'Autun en 1874, puis cardinal en 1893.Normalien de la promotion About, Sarcey, Taine, Weiss, il fut l'auteur de plusieurs ouvrages religieux, l'Histoire de l'Oratoire en France au XVIIIe et au XIXesiècle, de plusieurs études sur le cardinal de Richelieu, le Père Gratry, d'oraisons funèbres et de panégyriques. Il fut élu à l'Académie le 8 juin 1882 en remplacement d'Auguste Barbier qui avait exprimé, avant de mourir, le désir de l'avoir pour successeur, et reçu le 19 avril 1883 par Camille Rousset. Lorsque S. E. le cardinal Perraud arriva au conclave de 1903 qui suivit la mort du pape Léon XIII, le cardinal camerlingue le complimenta et le félicita d'appartenir à l'Académie française.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «16 avril 1883», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1883,mis à jour le : 29/12/2019