1883 |
6 août 1883
Alfred de Falloux à Pauline de Castellane
6 août 1883*
Chère Madame,
A défaut de vos nouvelles sur lesquelles je comptais ce matin, je vais vous donner des miennes qui continuent à être aussi bonnes que possible.
J’ai répondu hier à Biche1 en le priant de vous transmettre les nouvelles de l’évêché. J’y ai déjeuné et dîné tous les jours avec des conversations à l’avenant. Il y a là un esprit très juste, très libre, très hardi ; mais sa jeunesse lui impose des ménagements, peut-être aussi son avenir. On peut donc compter là sur la plus entière franchise dans tout ce qui sera dit mais tout sera-t-il dit ?C’est dangereux. Je crois cependant que beaucoup sera tenté. Le travail sur L’Univers est toujours en projet. On voudrait être sûr qu’à Rome, on ne déplaira pas trop. J’ai autant que je l’ai pu détourner de ce point de vue. Y ai-je réussi ? Je ne pourrai vous transmettre rien de formel à cet égard. En attendant, j’ai fait copier et je laisse tout le fragment des Mémoires que je vous ai lus à Évian, sur les Veuillot2, avec autorisation bien entendu d’en tirer tout le parti qu’on voudra.
Demain s’il plaît à Dieu, je serai à Reims, mercredi à Paris, ne voyant absolument personne, sauf Jardry3, je dînerai à Tours avec Lavedan qui me fait coucher au Faisan4, pour lequel il professe beaucoup de reconnaissance ! Vendredi, je serai à l’impasse des Jacobins5 où j’espère bien retrouver vos nouvelles et samedi au Bourg d’Iré, afin de voter le dimanche pour le général d’Andigné6. J’écrirai aussitôt, ensuite aux Kermier en leur demandant la date la plus rapprochée possible croyant avoir ainsi plus de chance de vous posséder quelques jours. Au revoir donc prochain, je l’espère, chère Madame.
A. de F.
*Archives nationales. Fonds Castellane.
1Stanislas (1875-1959), dit « Biche », petit-fils de Pauline de Castellane.
2Louis Veuillot et son frère Eugène.
3Secrétaire de Falloux.
4Hôtel de Tours.
5Domicile de Falloux à Angers.
6Andigné Henri Marie Léon d', marquis (1821-1895), militaire et homme politique. Pair de France en 1847, général de brigade en 1875, il était entré en politique comme conseiller général élu en 1871, il se fit élire en 1876 au Sénat, comme candidat conservateur par le Maine-et-Loire. Il sera constamment réélu dans la chambre haute où il siégera jusqu'à son décès.
Il était candidat aux élections cantonales des 12 et 19 août 1883.
