CECI n'est pas EXECUTE 8 février 1884

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8 février 1884

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

8 février 1884*

 

Chère Madame,

Voici une surprise non désagréable en elle-même, mais qui va peut-être peut-être donner de nouveaux prétextes à Biche1 et à sa famille pour me calomnier ! Le nouvel éditeur de Madame Swetchine et de Monsieur Cochin2 a, sans que je m’en doutasse, commencé une négociation avec M. Lachère (le fils) pour l’impression des nouveaux volumes. Je me suis empressé de lui écrire que je n’y tenais nullement, la correction des épreuves devant se faire à Paris par Monsieur Jardry3, mais, sur ces entrefaites, Mme Jardry restée très languissante et sa convalescente ne prenait nullement le caractère franc que je souhaite civilement et quand monsieur Lachère est venu lui-même hier m’annoncer avec grande joie que son marché d’imprimeur était conclu et me promettre une rapidité dont il s’était tenu bien loin il y a deux ou trois ans, je lui ai demandé de m’apporter les épreuves en commençant par Cochin, seul volume pour lequel je me sois engagé. Cela ne me causera pas la moindre fatigue car elle tombera toutes sur Ernest4 et M. André5 que je surveillerai seulement par les oreilles. Cela donnera le temps à Madame Jardry, du moins, il faut l’espérer, de se mettre en état de seconder son mari sans inconvénient car il faut être deux pour la correction d’une épreuve, le contrôleur lisant sur le premier texte et le correcteur vérifiant la fidélité du nouveau. Mais cela va entraîner peut-être quelques semaines de retard pour Rochecotte. Si ma lettre pour le duc de Broglie n’était pas partie peut-être ne partirait-elle pas, car je vois comme il était aisé de le pressentir que M. de Lesseps6 va passer d’emblée haut la main à l’académie et j’aurais bien aisément ajourné de nouveau ma visite rue de Varennes7, mais la lettre est partie depuis lundi dernier et la réponse va m’arriver d’un moment à l’autre. Il faudra donc faire une côte mal taillée sur tout cela, tenir parole à Paris comme à Rochecotte, mais dans des conditions étranglées que je n’avais nullement prévu et qui vont peser sur moi durant cinq ou six semaines. Après quoi je me dédommagerai amplement. Je ne m’occuperai point de Madame Swetchine, si Madame Jardry va mieux et prendrait sur Paris envers qui tous mes devoirs seront accomplis, tout le temps que je vous offrirai, chère Madame et cher tous, y compris M. Herpin8 dont je me trouve jusqu’ici à merveille.

Vous devez trouver ci-inclus un fragment de L’Union de l’Ouest particulièrement destiné à éclairer Biche9 et à vous inspirer aussi à vous-même, chère Madame, le désir de donner tout aussi dans les violonistes, si le succès répond qu’on nous annonce et nous vaut une seconde audition !

 

*Archives du Maine-et-Loire.

 

1Stanislas (1875-1959), dit « Biche », petit-fils de Pauline de Castellane.

2Falloux avait fait éditer une partie de la correspondance de Mme Swetchine et publié une biographie de son ami Augustin Cochin.

3Secrétaire de Falloux.

4Domestique de Falloux.

5Secrétaire de Falloux.

6Lesseps Ferdinand de (1805-1894), entrepreneur et diplomate. Après avoir exercé le métier de diplomate dans plusieurs ville orientales, il devint le véritable promoteur des deux projets de canaux qui lui valurent d'être resté célèbre (Suez et Panama) et d'être élu à l'Académie française en 1884.

7Marie, duchesse de Galliera, née Brignole-Sale (1812-1888). Situé au 57 de la rue de Varennes, son hôtel tenait lieu de salon où se réunissaient les principaux leaders légitimistes et orléanistes, partisans pour la plupart de la «fusion». C'est aujourd'hui l’hôtel Matignon.

8Docteur de Mme de Castellane.

9Stanislas (1875-1959), dit « Biche », petit-fils de Pauline de Castellane.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «8 février 1884», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1884,mis à jour le : 23/01/2020