CECI n'est pas EXECUTE 19 janvier 1884

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19 janvier 1884

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

19 janvier 1884*

 

 

Chère Madame,

 

Je n’ai point encore reçu vos nouvelles à l’hôtel des ministres, mais j’espère en trouver chez Albert de Rességuier et avec qui j’ai pris rendez-vous pour aller ce matin chez la princesse Wittgenstein de là, chez la duchesse de Galliera1. J’ajourne donc mes inquiétudes et mes reproches et je tiens à vous répéter les nouvelles du duc de Fitz-James2.

Il m’est venu avec la plus affectueuse tendresse et m’autorise à vous dire que M. de Saint-Sauveur3 est mort de la mort la plus naturelle. Il semblait avoir encore un peu de connaissance quand on lui a administré les derniers sacrements. Fitz-James lui-même et Madame de Biron4 sont restés longtemps près de lui une peuvent admettre l’ombre d’un doute sur cette fin soudaine, due à une maladie de cœur entier souffrait depuis longtemps. Il dément tout à fait aussi les nouvelles trop désastreux de ses affaires. Les vignes du Midi lui ont rapporté 100 000 Fr., cette année et le revenu ne peut plus désormais qu’aller croissant avec rapidité. M. Guyard du Bourg d’Iré et Monsieur Durand, banquier à Segré, après avoir pris connaissance de ses dernières opérations, ont consenti à lui prêter de l’argent. De son côté, la duchesse de Fitz-James5 m’écrit du Midi pour me remercier de quelques lignes de L’Union de l’Ouest sur ses volumes de viticulture6, une très aimable lettre qui se termine par ces mots : « j’espère redevenir bientôt votre voisine à la Lorie7. »

Nous nous sommes cherchés, l’archevêque de Tours8 et moi, sans nous trouver. Nous nous y reprendrons. Personne ne peut me donner des nouvelles de Mgr Turinaz9. Dites à M. l’abbé Couvreux que je vais aller chez le père Didon, en sortant de la rue de Varennes10. Impossible de tirer un pronostic certain sur l’avenir d’About, jeudi. Voilà l’évêque d’Autun, directeur de l’académie, qui prêche à Marseille. C’est un singulier chemin pour venir à Paris. Je viens de lui écrire tout à l’heure mais où ma lettre le trouvera-t-elle ? Que les hommes d’église ont de peine à vivre dans le temps, espérons que c’est uniquement par ce qu’ils vivent déjà dans l’éternité !

 

*Archives du Maine-et-Loire.

 

1Marie, duchesse de Galliera, née Brignole-Sale (1812-1888). Situé au 57 de la rue de Varenne, son hôtel tenait lieu de salon où se réunissaient les principaux leaders légitimistes et orléanistes, partisans pour la plupart de la «fusion». C'est aujourd'hui l’hôtel Matignon.

2Fitz-James, Édouard, Antoine, Sidoine de (1828-1906), propriétaire du château de la Lorie, près de Segré, en Maine-et-Loire, et donc voisin de Falloux auquel il était lié d'amitié et entretint une relation épistolaire conséquente.

3Saint-Sauveur, Paul Rafaélis de (1839-1884).

4Henriette de Gontont-Biron (1851-1933), veuve de Paul Rafaélis de Saint-Sauveur (1839-1884).

5Fitz-James, Margareta Augusta Maria av Löwenhielm (1830-1915) duchesse de, épouse, depuis 1830 du duc Edouard de Fitz-James (1828-1902).

6La marquise possédait un important domaine viticole dans le Gard.

7Château de la Lorie, près de Segré, propriété des Fitz-James.

8Mgr Meignan.

9Turinaz, Charles, François (1838-1918), évêque de Moutiers-Tarentaise depuis 1873, il sera nommé évêque de Nancy le 23 mars 1882.

10Marie, duchesse de Galliera, née Brignole-Sale (1812-1888). Situé au 57 de la rue de Varennes, son hôtel tenait lieu de salon où se réunissaient les principaux leaders légitimistes et orléanistes, partisans pour la plupart de la «fusion». C'est aujourd'hui l’hôtel Matignon.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «19 janvier 1884», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1884,mis à jour le : 23/01/2020