CECI n'est pas EXECUTE 21 janvier 1884

1884 |

21 janvier 1884

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

21 janvier 1884*

 

Chère Madame,

 

 

Pendant que vous receviez le télégramme de Mme Cochin1, on apprenait rue de Lille, la mort soudaine de la très vénérable Madame Benoist d’Azy2. Berthe3 et son mari Augustin4 sont aussitôt partis par le chemin de fer et ont dû arriver hier à neuf heures du soir. Albert [de Rességuier] partira demain avec ses petits-fils. Toutes les tristes cérémonies de la sépulture auront lieu après demain mercredi. Albert reviendra jeudi dans la soirée. Je prends donc part à la douleur commune et j’en ressens moi-même un bien triste contrecoup puisque je vais perdre la moitié de mon séjour avec lui et que je conçois en même temps une véritable inquiétude pour un tel voyage dans une telle saison. Veuillez donc n’oublier personne, chère Madame, dans vos saintes prières et dans la chère chapelle de Rochecotte.

L’archevêque de Tours5 est parti dès la semaine dernière, sans que j’ai pu le rencontrer, ni chez lui, ni chez moi, mais nous sommes convenus par l’intermédiaire de M. Lavedan d’un prochain rendez-vous à Rochecotte.

J’ai vu l’abbé Lagrange qui parle toujours de son troisième volume en termes certains est embrouillé, ce qu’il m’a paru possible de comprendre malgré les questions les plus précises, c’est que le volume déposé par fragments à l’académie paraîtrait en entier vers Pâques. Dieu veuille qu’ils ne survienne pas quelque accident d’ici là ! L’article de l’abbé Chapon6 lui a fait grand honneur ici, l’abbé Lagrange s’en est proclamé charmé. Il l’a tout de suite envoyé au Moniteur de Rome et va essayer de le faire reproduire par La Défense7. Je n’irai point à la messe du 21 janvier, ce matin, car il fait très froid, et il faudra faire toutes sortes de conversations plus politiques que pieuses sur le perron de saint François-Xavier, paroisse de Monsieur le comte de Paris8, à qui le journal9 de Madame la comtesse de Chambord10 et de M. d’Andigné11 reproche un voyage chez le colonel des ultras en vue dans les termes les plus grossiers.

Toujours même incertitude pour le scrutin de jeudi. Je partirai pour Rochecotte probablement samedi et au plus tard lundi, si j’achève ma semaine comme je la commence aujourd’hui.

A. de F.

 

 

 

 

*Archives du Maine-et-Loire.

 

1Adeline Alexandrine Marie Cochin née Benoist d'Azy (1830-1892). Elle avait épousé Augustin Cochin, décédé le 15 mars 1872.

2Léontine Rose Amélie Benoist d’Azy (1805-1884), mère de Mme Cochin.

3Berthe Benoist d’Azy, née de Rességuier (1845-1899).

4Benoist d’Azy, Augustin (1829-1890), époux de Berthe, née de Rességuier.

5Mgr Colet, Charles Théodore (1806-1883), archevêque de Tours depuis1874. était décédé le 27 novembre 1883. Son successeur sera en définitive Mgr Meignan.

6Chapon, Henri-Louis (1845-1925), ecclésiastique. Ordonné prêtre le 22 mai 1869 par Mgr Dupanloup, il sera vicaire général et chanoine honoraire de Nantes (1894) puis nommé évêque de Nice en 1896.

7La Défense sociale et religieuse, journal créé en 1876 par Mgr Dupanloup.

8Louis Philippe Albert d'Orléans (1838-1894), comte de Paris. Depuis la mort du Comte de Chambord, le 24 août 1883, le comte de Paris se pose en héritier de tous les capétiens et non plus des seuls Orléans devenant ainsi le prétendant légitime à une restauration monarchique.

9Journal de Paris.

10Marie-Thérèse, comtesse de Chambord (1817-1886), veuve d’Henri d’Artois, comte de Chambord qu’elle avait épousé en 1846. Elle était aussi princesse de Modène, princesse royale de Hongrie et de Bohême, et archiduchesse d’Autriche-Este.

11D’Andigné, Maurice (1844-1926), ancien conseiller du Maine-et-Loire, légitimiste, il contestait les droits d’hérédité du comte de Paris au trône. Il dirige le Journal de Paris.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «21 janvier 1884», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1884,mis à jour le : 24/01/2020