CECI n'est pas EXECUTE 23 février 1884

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23 février 1884

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

23 février 1884*

 

Chère Madame,

Tout conspire contre mon retour à Rochecotte, car monsieur de Rességuier vient de m’apporter votre lettre et je vous fais un cas de conscience de dire à Biche1 que c’est vous-même qui me sacrifiez au comte de Paris ! Je vais donc me soumettre et attendre respectueusement ce qui en sera décidé dans la rue de Varennes2. Comptez aussi parmi les contretemps en même temps que parmi les chagrins la mort d’Henri de Civrac3 qu’Armand de Maillé4 est venu m’annoncer avec M. de Soland, dés hier matin. Un grand service funèbre aura lieu lundi à Sainte Clotilde5 et trois ou quatre jours après, la sépulture dans un caveau de famille à Beaupréau6. Cette seconde journée sera certainement un grand rendez-vous angevin

Et on me presse déjà beaucoup de n’y pas manquer ce à quoi je suis très naturellement porté par mes propres sentiments. Mais comment tout cela va-t-il se concilier avec Rochecotte et avec Tours où j’avais donné d’avance un second rendez-vous au docteur Herpin. J’ai confié ces embarras au duc de Broglie qui les a très chaudement pris sous sa protection. Il tâchera de me faire expédier le plus vite possible, rue de Varennes, afin de me laisser au moins le temps d’une station pour prendre de vos nouvelles. Je ne les trouve pas encore si brillante que je le voudrais. M. de Rességuier, l’évêque de la Rochelle et moi avons eu la plus grande peine à réduire la lettre de l’abbé Lagrange aux simples proportions que vous aurez vues dans La Défense d’hier. Si L’Univers qui ne publie rien aujourd’hui, publie quelque chose ce soir, je vous l’enverrai sans-faute demain matin. Le bulletin de l’abbé Petit appartient à Xavier Marmier7, reculant toujours devant un acte franc. Quant aux autres bulletins blancs et à l’abbé Petit lui-même, je ne vous en dis rien, parce que Le Figaro vous porte des détails que j’ai lieu de croire vrais.

J’ai rencontré, hier, sur le pont Solférino, Boni8 et son grand-père à pied. Boni continuait à avoir bonne mine.

 

*Archives du Maine-et-Loire.

 

1Stanislas (1875-1959), dit « Biche », petit-fils de Pauline de Castellane et fils d'Antoine de Castellane.

2Marie, duchesse de Galliera, née Brignole-Sale (1812-1888). Situé au 57 de la rue de Varennes, son hôtel tenait lieu de salon où se réunissaient les principaux leaders légitimistes et orléanistes, partisans pour la plupart de la «fusion». C'est aujourd'hui l’hôtel Matignon.

3Civrac Marie Henri Louis Durfort de (1812-1884), homme politique. Grand propriétaire foncier du Maine-et-Loire, il fut élu député de la 2ème circonscription de Cholet dès 1852 et ne cessa de la représenter jusqu'à sa mort, siégeant avec les légitimistes puis l'Union des Droites.

4Maillé, Armand Urbain Louis de La Jumellière de (1816-1903), député monarchiste de la circonscription de Cholet depuis 1871, il conservera son siège jusqu'en 1896, siégeant constamment avec l'Union des Droites.

5Église Sainte-Clotilde, Paris (7eme).

6Ville du Maine-et-Loire. Marie Durfort de Civrac, décédé le 21 février 1884, était maire et conseiller de Beaupréau.

7Marmier, Xavier (1808-1892), journaliste et écrivain. Rédacteur en chef de la Revue germanique, puis administrateur général de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, il propagea en France la langue et la littérature allemandes. Il avait donné des leçons de littérature aux deux filles de Louis-Philippe, Clémentine et Marie. Il collabora également à la Revue des Deux Mondes. Il fut élu à l’Académie française le 19 mai 1870. On lui doit un Journal (1848-1890) important qui fut publié en 1968 (Droz, 812 p.).

8Boniface dit Boni de Castellane (1867-1932), le fils d'Antoine de Castellane.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «23 février 1884», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1884,mis à jour le : 24/01/2020