1884 |
7 avril 1884
Alfred de Falloux à Pauline de Castellane
7 avril 1884*
Chère Madame,
Nous ne serons donc jamais quitte des violonistes ! Vous devez trouver ci-inclus un billet de M. Lavedan sur cette opiniâtre persécution. Je vous envoie ce texte parce qu’il vous fera jouir mieux que tout autre de l’heureuse impression produite nullement pour vous préparer à un mauvais coup de ma part. La semaine du 17 avril vous appartient tout entière depuis longtemps. C’est une chose jugée et, pour ainsi dire chose acquise. Donc, à supposer que le représentation s’arrange, ce qui n’est pas certain, loin de là, je ne répondrai à la provocation que dans les termes dictés par vous-même ou par Biche1.
Le gluten m’a tellement ennuyé que je n’ai pas eu la patience d’attendre mon retour à Paris pour prendre une nouvelle consultation. Je l’ai prise chez le premier pharmacien d’Angers la susdite consultation contient ces mots textuels et formels » Pas trace de glucose ou sucre ni par le réactif de Bottger, ni par la liqueur de Felhing. »
Je vais donc, à partir d’aujourd’hui même renoncer à cet insipide gluten et je vous en avertis de loin afin que vous ne fassiez pas venir de gluten en vue de mon arrivée à Rochecotte lundi prochain. Dans le genre ami et charitable, je vous crois absolument capable de tout et je prends mes précautions contre votre inépuisable bonté.
Je m’unis de tout cœur, chère Madame, à la profonde tristesse qui doit suivre une mort telle que celle dont votre lettre de ce matin m’apporte la triste nouvelle. Veuillez faire agréer à madame votre belle sœur et agréer vous-même ma bien sincère condoléance.
Jeanne ne partage nullement les poltronneries supposées d’Eugénie et sera fort empressée de profiter aussi lundi de votre si bienveillante invitation. Elle sera très fière d’être présentée à un personnage aussi illustre que Guérin. Elle l’abordera et l’écoutera très respectueusement.
Je viens de répéter à Ernest votre demande de prières pour le pauvre comte Hazfeldt2. Il va aussitôt faire la même recommandation, à Augustine, à Jeanne et à Rose qui certainement ne vous feront pas défaut.
Merci du Clairon. Je vous enverrai bientôt un Univers contenant une réponse de l’abbé Bernard3 qui l’annonce ce matin d’un seul mot et retarde afin de préparer sa réponse. Ce sera du joli !
A. de F.
*Archives du Maine-et-Loire.
1Stanislas (1875-1959), dit « Biche », petit-fils de Pauline de Castellane.
2Pauline de Castellane avait épousé en 1844 le comte Maximilien de Hatzfeldt mort en 1859.
3Bernard Eugène (1833-1893), prêtre ordonné en 1858, successeur du Père Gratry à l’Ecole normale supérieure, il sera nommé chanoine honoraire de Paris.
