1884 |
27 mai 1884
Alfred de Falloux à Pauline de Castellane
27 mai 1884*
Chère Madame,
J’arrête M. André1 dans son élan vers sa famille pour répondre à votre aimable appel par l’intermédiaire de Guérin2. Nous sommes arrivés à bon port et avons trouvé Jeanne toute rendue et avec un bon bulletin du Bourg d’Iré.
Je passerai demain la journée ici probablement avec Cumont et lundi, je serai à mon but définitif s’il plaît à Dieu.
Je n’ai pas pu aller hier chez la duchesse de Galliera3 par une coquetterie peut-être mal placée, mais que je l’espère, elle me pardonnera. Accoutumé à l’heure des rendez-vous privés et dans l’impossibilité de m’y rendre. Je n’ai pas voulu mettre une carte à l’heure où j’étais sûr de ne pas la trouver. Avez-vous vu Georges de Blois et les Kernier4 ? Dites-moi si vous avez eu la même impression que moi sur mon petit Caradeuc ? Comment va le rhume de Madeleine [de Castellane]5 et le cruel état de M. d’Haussonville6? J’en suis bien occupé.
Au revoir prochain à Rochecotte, chère, chère Madame.
A. de F.
P.S. Quelque sacré que soit votre rendez-vous avec l’archevêque de Tours7, n’allez pas cependant pour lui trop contraindre ou trop provoquer quelqu’une de vos souffrances. Si vous ne pouvez vous rendre à Rochecotte et qu’il vous convienne que j’y aille je suis prêt à vous obéir, quoique désolé de votre absence.
Je renouvelle encore mes remerciements à Jean avec mille tendresses pour Boni8 et Biche9, surnommé Stanislas.
*Archives du Maine-et-Loire.
1Secrétaire de Falloux.
2?
3Marie, duchesse de Galliera, née Brignole-Sale (1812-1888). Situé au 57 de la rue de Varenne, son hôtel tenait lieu de salon où se réunissaient les principaux leaders légitimistes et orléanistes, partisans pour la plupart de la «fusion». C'est aujourd'hui l’hôtel Matignon.
4Paul Le Cardinal, marquis de Kernier (1836-1888) et à son épouse, Gabrielle Hay des Nétumières (1835-1920) descendant de La Chalotais. Falloux leur avait fait don du château de Caradeuc dont il avait hérité à la mort de sa femme Marie de Falloux, née de Caradeuc.
5Madeleine de Castellane (1847-1934), née Leclerc de Juigné ; elle était, depuis le 3 avril 1866, l'épouse d'Antoine de Castellane.
6Gravement malade, il devait mourir le 28 mai 1884.
Haussonville, Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d’ (1810-1884), diplomate et homme politique. Il commença sa carrière de diplomate comme attaché à l’ambassade de France à Rome auprès de Chateaubriand en 1929. Après la révolution de 1830, il continua sa carrière diplomatique à Bruxelles, Turin et Naples. Il avait épousé en 1836 la sœur d’Albert de Broglie, Louise Albertine de Broglie. Ayant démissionné de ses fonctions de secrétaire d’ambassade en 1842, il se fit élire à la Chambre des Députés (collège de Provins). Ayant protesté contre le coup d’état du 2 décembre, il se réfugia quelque temps à Bruxelles. Collaborateur de la Revue des Deux Mondes, il fut l’un des chefs de file de l’Union libérale. Le 29 avril 1869, il fut élu à l’Académie française. Après la chute de l’Empire, il se tint à l’écart de la vie politique. Le 15 novembre 1878, il fut néanmoins élu, en tant que républicain conservateur, sénateur inamovible.
8Boniface dit Boni de Castellane (1867-1932), petit-fils de Pauline de Castellane et fils d'Antoine de Castellane.
9Stanislas (1875-1959), dit « Biche », petit-fils de Pauline de Castellane.
