CECI n'est pas EXECUTE 15 août 1884

1884 |

15 août 1884

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

15 août 1884

Chère Madame,

Vous avez bien tort de dire que je sais donner mieux que personne des consolations aux affligés. C’est au contraire la chose que je sais le moins faire. J’ai invinciblement une telle horreur du lieu commun et des phrases banales que je trouve toujours superflu de répéter les consolations qui se trouvent dans la bouche et dans le cœur de tout le monde sur les récompenses et les promesses éternelles. J’ai donc eu peur cette nuit – moment de ma lucidité – que le pauvre abbé Couvreux n’ait été choqué de ma lettre d’hier. Dans ce cas veuillez lui dire qu’il ne doit en tirer aucune conclusion contre moi, encore moins contre M. André1 et que notre condoléance à tous deux est aussi profonde qu’elle a été mal exprimée.

M. Lemanceau2 lit en ce moment le journal à côté de nous. Nous allons déjeuner ensemble tout à l’heure et nous rendre chez M. Loriol3 qui a dû réfléchir de son côté afin de régler ensemble notre ultimatum aux Romains. M. Lemanceau ne désespère pas de porter à Rochecotte les sentiments qu’il vous exprime de loin en ce moment. Je partirai ensuite pour le Bourg d’Iré où Madame de Mackau4 arrivera jeudi avec la petite Élisabeth et la nourrice venant de Normandie. Monsieur et Madame de Quinsonas5 arriveront le même jour, venant de Cauterets6 par Bordeaux, la Rochelle et Angers. Ce n’est donc pas le moment de faire des plans de voyage, mais je me réserve toujours de faire celui de Rochecotte dès que j’y verrai jour.

Toujours aucune nouvelle du tiré à part mais de très bonnes lettres épiscopales d’Autun7 et de Tours8. Celle d’Autun est vraiment bonne ; celle du P. Chocarne est très éloquente. Vous devez trouver ci incluse une lettre embrouillée mais touchante de l’abbé Lagrange. Je me fais un devoir de l’envoyer à l’abbé Couvreux et vous, en réfutation de mes impertinences.

 

A. de F.

 

 

*Archives du Maine-et-Loire.

 

1Secrétaire de Falloux.

2Régisseur des fermes de Falloux.

3Notaire de Falloux, voir lettre du 14 août 1884.

4Sans doute Marie Caroline Christine Amélie Mathilde de Mackau, née de Maison (1837-1886). Épouse d'Armand de Mackau depuis 1858.

5Marie-Anne Félixine de Quinsonas, née de Mackau (1860-1891), nièce d'A. de Falloux.

6Station thermales dans les Hautes-Pyrénées.

7Mgr Perraud Adolphe Louis Albert (1828-1906), prélat. Prêtre de l'Oratoire de France en 1855, professeur d'histoire de l’Église à la Sorbonne en 1865, il fut nommé évêque d'Autun en 1874, puis cardinal en 1893.Normalien de la promotion About, Sarcey, Taine, Weiss, il fut l'auteur de plusieurs ouvrages religieux, l'Histoire de l'Oratoire en France au XVIIIe et au XIXesiècle, de plusieurs études sur le cardinal de Richelieu, le Père Gratry, d'oraisons funèbres et de panégyriques. Il fut élu à l'Académie le 8 juin 1882 en remplacement d'Auguste Barbier qui avait exprimé, avant de mourir, le désir de l'avoir pour successeur, et reçu le 19 avril 1883 par Camille Rousset. Lorsque S. E. le cardinal Perraud arriva au conclave de 1903 qui suivit la mort du pape Léon XIII, le cardinal camerlingue le complimenta et le félicita d'appartenir à l'Académie française.

8Mgr Meignan.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «15 août 1884», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1884,mis à jour le : 24/01/2020