1884 |
7 septembre 1884
Alfred de Falloux à Pauline de Castellane
Chère Madame,
Je reçois en même temps la bonne lettre de Monsieur l’abbé Couvreux et la communication ci- incluse.
Je ne puis rien ajouter à ce que je vous ai dit dans une de mes dernières lettres. Je ne compte point aller à Rome, avant que les quarantaines aient cessé1, mais je m’y rendrai certainement alors si Dieu me prête encore à cette époque la moindre santé.
Quant à la sincérité des bonnes dispositions du pape, je n’y crois nullement depuis la lettre à l’évêque de Périgueux2: ou Léon XIII nous est foncièrement hostile, ou il ne comprend pas du tout la portée de ce qu’il écrit et ne comprendrait pas mieux la portée de ce qu’on pourrait lui répondre. Ni l’un ni l’autre cas n’est encourageant, mais je vous répète qu’à mon sens, ce n’est point à nous à montrer de l’humeur ou à perdre patience. Je me présenterai donc sans effort sur le pied le plus respectueux et le plus soumis, mais si on me fait dire ce que je ne pense pas, on n’en viendra pas à bout et si je dis ce que je pense, en me mettra poliment à la porte. Soyez sûrs, chère Madame, que voilà le fond vrai de la situation et que mon voyage ne rapportera aucun bénéfice, mais je ne l’en ferai pas moins, s’il plaît à Dieu.
À bientôt, je l’espère, chère, chère Madame.
A. de F.
*Archives de Maine-et-Loire.
1Une épidémie de choléra est alors en cours à Rome.
2Dabert, Nicolas-Joseph (1811-1901), évêque de Périgueux de 1863 à 1901.
