CECI n'est pas EXECUTE 24 septembre 1884

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24 septembre 1884

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

24 septembre 1884*

 

Chère Madame,

 

 

Vous devez retrouver ci-incluse la lettre de la princesse W[ittgenstein]. Je suis désolé de la savoir si souffrante et bien impatient d’apprendre que les forces dont elle fait un si bon et si aimable usage lui soient rendues. Je m’associe de cœur à tous les soins de Madame Craven pour elle et pour le pauvre Augustus1. Quels projets d’hiver toutes ses tristesses-là lui permettent-t-elles ? Quant à la politique de ces dames, j’en fais beaucoup moins de cas, depuis que je suis fixé définitivement sur celle de Léon XIII se plaisant à déjouer toutes vos espérances. Depuis que j’ai vu M. l’abbé Bernard2, j’ai appris d’une source que je crois tout à fait sûre, de forts tristes paroles et de forts tristes dessins qui vont éclore tout prochainement au Vatican. Léon XIII ne trouve plus que sa lettre à l’évêque de Périgueux donne de suffisants gages à L’Univers. Il a dit très haut et devant une imposante réunion : « L’expérience m’a démontré que Pie IX et le syllabus avaient tout à fait raison. Une très prochaine encyclique apprendra au monde mon pressentiment à cet égard. » Ainsi soit-il !

A. de F.

Je viens de recevoir de Monsieur Loriot l’étonnante nouvelle que vous trouverez jointe sur la carte à la lettre de la princesse W[ittgenstein]. Cette brusque arrivée de M. Rossi3 sans m’avertir d’un seul mot, lorsque je lui avais exprimé l’intention de le recevoir à Angers prouve, ou beaucoup d’embarras, ou beaucoup de résolutions chicanières. Je m’en rapporte tout à fait à Monsieur Loriot pour tirer cela au clair et puisqu’on ne m’appelle pas à Angers, j’en profite pour demeurer fort tranquille au Bourg d’Iré entre Mme de Quinsonas4 et Madame de Blois5. Le cuirassier6 est revenu hier affranchi de tout service militaire.

Toute la Douve7 renforcée des Buisseret8 (total 10 ou 12) déjeune ce matin avec nous. Mardi prochain les Candé9, Perraudière10, Fitz-James11 et Garroulasse12 en feront autant. Les Quinsonas qui devaient partir lundi, restent pour ce jour-là ; mercredi, ils prennent leur vol au loin quand les Blois13 et les Jardry14 prendront le leur, je serai libre alors de gagner Rochecotte, mais les chers collégiens de Juilly15 seront certainement partis. Dites-leur en bien d’avance tout mon regret et mille tendresses à Biche16 le tondu.

A. de F.

 

*Archives du Maine-et-Loire.

 

1Craven Augustus, son époux (1806-1884) était en train de mourir.

2Bernard Eugène (1833-1893), prêtre ordonné en 1858, successeur du Père Gratry à l’Ecole normale supérieure, il sera nommé chanoine honoraire de Paris.

3Rossi Giovanni Battista (Carlo) de (1822-1894), archéologue italien. Fondateur de l'archéologie chrétienne, il devint célèbre à l'étranger pour ses découvertes des catacombes chrétiennes.

4Marie-Anne Félixine de Quinsonas, née de Mackau (1860-1891), nièce d'A. de Falloux.

5Marie Marguerite Augier de Blois, née de Crémiers (1852-1882).

6Quinsonas, Humbert Octavien de (Pourroy de Laubérivière) (1856-1903), il est officier lieutenant de cuirassier.

7Henri d'Armaillé (1820-1892), fervent légitimiste, propriétaire du château de La Douve, au Bourg d4iré, proche voisin de Falloux et son épouse

8Les d’Armaillé et les de Buisseret étaient apparentés. Voir note de la lettre du 25 septembre 1884.

9Paul Brillet de Candé (1837-1913) et son épouse Claire Brillet de Candé, née de Mieulle (1844-1886), son épouse.

10Henri Letourneux de La Perraudière, propriétaire foncier et maire de Lué-en-Baugeois (Maine-et-Loire).

11Fitz-James, Édouard, Antoine, Sidoine de (1828-1906), propriétaire du château de la Lorie, près de Segré, en Maine-et-Loire, et donc voisin de Falloux auquel il est lié d'amitié et son épouse Marguerite Augusta Marie duchesse de, née Löwenhielm (1830-1915).

12?

13Georges-Aymar de Blois de La Calande et son épouse Marie Marguerite Augier, née de Crémiers (1852-1882).

14Lecteur et secrétaire de Falloux.

15Le collège de Juilly, établissement d'enseignement, placé sous la tutelle de l'Oratoire de France1, qui a fonctionné presque sans interruption de 1638 à 2012.

16Stanislas (1875-1959), dit « Biche », petit-fils de Pauline de Castellane.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «24 septembre 1884», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1884,mis à jour le : 24/01/2020