CECI n'est pas EXECUTE 29 septembre 1884

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29 septembre 1884

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

29 septembre 1884*

 

 

Chère Madame,

 

 

Il est probable que dans le courant de la semaine, tous mes hôtes vont reprendre nécessairement le chemin de leur propre domicile. Je serai donc libre de me rendre à Rochecotte la semaine prochaine. Je ne manquerai pas de vous arriver donnant rendez-vous à M. de Rességuier et à M. Lavedan. J’ajourne à ce prochain revoir tout ce qui concerne M. Boucher1, arrivant d’Eu2. Préparez-vous seulement d’ici là à renoncer au Léon XIII de vos rêves. Toutefois, je persiste à ne point gagner Rome, tant que le choléra et les quarantaines régneront tout autour prêt à faire invasion dans Rome elle-même. J’ai été d’ailleurs très sincère en conseillant une intervention que je croirais beaucoup plus efficace que la mienne et qui est très à la portée de M. le comte de Paris. On va en même temps essayé de faire comprendre aux évêques que tout ceci est leur affaire beaucoup plus que la mienne. Quand on aura convaincu la papauté d’être la même sous Léon XIII que sous Pie IX, les évêques seront directement atteint dans leur apostolat et les laïcs n’en souffriront que dans la mesure où ils voudront bien se mêler de ce qui ne les regarde pas. Hélas ! Mgr Turinaz3 a besoin qu’on lui apprenne cela aussi bien que les autres.

J’ai eu hier la visite pour tout le dimanche de M. Fairé4, notre meilleur avocat et notre député d’Angers, invalidé il y a quelques années. Il est membre du comité angevin et en a beaucoup causé avec M. Boucher5. Il apportait de très mauvaises nouvelles de la santé de M. Loriol de Barny6 qui s’est gravement empoisonné par des huîtres malsaines. Si nous le perdions tout Angers ferait une grosse perte et moi, tout le premier.

Mille souvenirs reconnaissants à l’abbé Bernard7 quand on lui écrira de Rochecotte. Non, non, je ne vous ai point fait l’injure de vous comparer à l’abbé Lagrange, mais j’ai seulement exprimé la crainte respectueuse que M. l’abbé Couvreux et vous n’ayez quelque analogie avec lui sur un seul point. J’ose espérer que ma crainte se dissipera aussitôt que nous aurons causé à l’aise quelques instants, la semaine prochaine. D’ici là, veuillez dire à Biche8 l’ébréché et le tondu que rien ne m’empêchera de l’aimer aussi vivement que par le passé. Veuillez faire agréer aux chers absents m’ont plus sincère regret et à la princesse Radziwill9 tout mon désir de la retrouver.

A. de F.

*Archives de Maine-et-Loire.

 

1Boucher Auguste (1837-1910), professeur et journaliste. Collaborateur du Journal du Loiret à partir de 1871, il était entré au Français et au Correspondant en 1875. Installé à Paris, il organisa le bureau de presse du comte de Paris. Peu après le décès de son épouse, il épousa, en 1877, la fille de Léon Lavedan.

2Domaine du comte de Paris, en Normandie.

3Turinaz, Charles, François (1838-1918), évêque de Moutiers-Tarentaise depuis 1873, il sera nommé évêque de Nancy le 23 mars 1882.

41Alexandre Fairé (1824-1908), avocat. Avocat à Angers à partir de 1848, il devient conseiller municipal d'Angers en 1870, puis adjoint au maire en 1874. Élu député de Maine-et-Loire en 1876, mais invalidé. Réélu en 1877, il est une nouvelle fois invalidé et battu à l'élection partielle. Réélu en 1885, il conserve son siège jusqu’en 893. Il siégea droite.

5Boucher Auguste (1837-1910), professeur et journaliste. Collaborateur du Journal du Loiret à partir de 1871, il était entré au Français et au Correspondant en 1875. Installé à Paris, il organisa le bureau de presse du comte de Paris. Peu après le décès de son épouse, il épousa, en 1877, la fille de Léon Lavedan.

6Notaire de Falloux.

7Bernard Eugène (1833-1893), prêtre ordonné en 1858, successeur du Père Gratry à l’École normale supérieure, il sera nommé chanoine honoraire de Paris.

8Stanislas (1875-1959), dit « Biche », petit-fils de Pauline de Castellane.

9Marie Dorothée Élisabeth Radziwill, princesse (1840-1915), née de Castellane, elle est la fille de Pauline de Castellane, la châtelaine de Rochecotte. Le 3 septembre 1857, elle avait épousé à Sagan, en Pologne, Frédéric-Guillaume-Antoine, prince Radziwill (1833-1904), militaire prussien. Femme de lettres, on lui doit la publication des Souvenirs de sa grand-mère, la Duchesse de Dino, Chronique de 1831 à 1862, Paris, Plon, 1909-1910, 4 vol.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «29 septembre 1884», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1884,mis à jour le : 24/01/2020