CECI n'est pas EXECUTE 10 octobre 1884

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10 octobre 1884

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

10 octobre 1884*

 

Chère Madame,

J’ai été beaucoup plus content de Monsieur Garnier successeur de Monsieur Loriol1 que je ne m’y attendais et j’espère que sa bonne volonté d’accord avec le retour de Mgr Guthlin2 à Rome, vont me rendre le repos matériel. Quant au repos moral, il n’a pas été un instant troublé.

Je me considère, plus que jamais, comme libre de partir lundi pour Rochecotte. Je prendrai le train du matin qui vous arrive vers une heure afin de passer avec le princesse Radziwill3 comme vous le plus de temps possible.

Qu’a fait la pauvre MmeCraven, après la mort d’Augustus4? A-t-elle pu rester à Monabri5 et la princesse elle-même y est-elle encore ? Je voudrais bien écrire directement à Mme Craven dont je suis fort occupé, mais j’attendrai pour le faire que vous m’ayez dit vous adresser ma lettre. Sinon, j’écrirai en arrivant à Rochecotte.

La lettre de l’archevêque de Bordeaux6 m’a comblé de joie. Vous la trouverez dans LUnion de l’Ouest avec quelques lignes de commentaires qui satisferont, je l’espère l’abbé Chapon7. Le Français insère la lettre en petits caractères, à la revue des journaux, seconde page. Le Monde ne l’insère pas du tout et l’analyse à la 3ème page, en caractères microscopiques ou plutôt la cite en 6 lignes à peine comme un simple chien perdu. Il est évident que l’archevêque de Paris8 n’accepte pas sa leçon de bonne grâce.

À lundi enfin, cher, cher Rochecotte.

A.de F.

 

1Notaire de Falloux ; il s’était occupé notamment de ce qui lui revenait suite au décès de son frère le cardinal.

2Guthlin, Joseph (1850-1917), ordonné prêtre en 1871, devenu professeur d'apologétique au Grand Séminaire de Strasbourg (1871), il part en 1878 à Rome pour y faire des études en droit canonique. Docteur en droit canon il devint conseiller de Léon XIII.

3Marie Dorothée Élisabeth Radziwill, princesse (1840-1915), née de Castellane, elle est la fille de Pauline de Castellane, la châtelaine de Rochecotte. Le 3 septembre 1857, elle avait épousé à Sagan, en Pologne, Frédéric-Guillaume-Antoine, prince Radziwill (1833-1904), militaire prussien. Femme de lettres, on lui doit la publication des Souvenirs de sa grand-mère, la Duchesse de Dino, Chronique de 1831 à 1862, Paris, Plon, 1909-1910, 4 vol.

4Son époux, Augustus Craven (1806-1884), diplomate anglais venait de mourir.

5Demeure de la princesse Sayn-Wiitgenstein (1818-1916), à Lausanne, en Suisse.

6La Bouillerie, François, Roullet de (1810-1882). Évêque de Carcassonne depuis 1855, Mgr de La Bouillerie s'était lié à Falloux lors d'un voyage qu'ils avaient effectués ensemble en Allemagne, en Russie et en Pologne en 1836, soit deux ans avant qu'il ne se décide à entrer dans la prêtrise. L'entente entre les deux hommes s'étaient néanmoins détérioré progressivement et définitivement après 1848. Ne partageant pas le libéralisme catholique de Falloux, l'abbé deviendra un allié de L'Univers et du catholicisme intransigeant.

Bouillerie François Roullet de la (1810-1882), ordonné prêtre en 1841, il exerça son première ministère au petit séminaire de Saint-Nicolas du Chardonnet dont Dupanloup était supérieur. Peu après il vint se mettre à la disposition de l'archevêque de Paris, Mgr Affre, qui en fit son vicaire général titulaire et le nomma archidiacre de Sainte-Geneviève. Il conserva sa place auprès de Mgr Sibour, le successeur de Mgr Affre à l'archevêché de Paris. Il fut nommé évêque de Carcassonne, le 6 février 1855. Le 16 décembre 1872, il deviendra coadjuteur du cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux, avec le titre d'archevêque de Perga. Ultramontain, il sera l'un des partisans les plus ardents du dogme de l'infaillibilité pontificale.

7Chapon, Henri-Louis (1845-1925), ecclésiastique. Ordonné prêtre le 22 mai 1869 par Mgr Dupanloup, il sera vicaire général et chanoine honoraire de Nantes (1894) puis nommé évêque de Nice en 1896.

8Mgr Guibert Joseph-Hyppolyte (1802-1886), archevêque de Paris depuis 1871, il avait été nommé cardinal par Pie IX en 1873. Il donnera sa bénédiction au mariage d'Anne de Mackau et du comte Humbert de Quinsonas célébré le 2 mai 1882 à l'église Saint-Philippe du Roule, à Paris.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «10 octobre 1884», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1884,mis à jour le : 13/07/2022