Année 1856 |
10 juillet 1856
Xavier de Ravignan à Alfred de Falloux
Issenheim près Soultz (Haut-Rhin) Jeudi, 10 juillet 1856
Mon bien cher comte, je n’avais pas besoin, je vous assure, de votre éloquent travail sur le parti catholique1, pour me rappeler et pour sentir tout ce que l’Église vous devait, tout ce que nous vous devions de reconnaissance. La grande bonté que vous avez eue de m’envoyer un exemplaire de votre brochure, me fournit l’occasion de vous l’exprimer et de satisfaire un besoin de mon cœur en vous remerciant en vous témoignant ma fidèle et profonde gratitude. Oui c’est vous, après, qui avez rendu à l’Église une de ses plus chères libertés, et il ne faudrait pas qu’on oublie à jamais. Pour nous, croyez-le en profitant du bienfait qui nous a rouvert une voie fermée à notre zèle, nous voulons toujours professer devant Dieu et devant les hommes notre reconnaissance entière et je puis le dire, si dans la polémique que vous avez terminée, une chose surtout m’affligeait, c’était de voir méconnue votre grande, votre puissante intervention dans l’affranchissement des églises et de son enseignement. Soyez béni au non de Dieu de toute consolation ; et qu’il donne à tout ce qui vous est cher une part abondante de récompenses.
Maintenant l’effet aura été produit, les choses éclaircies ; espérons des résultats utiles, en sorte que tous les efforts soient désormais concentrés contre des ennemis trop certains encore.
J’ai vivement regretté, mon cher comte, de ne vous avoir point vu dernièrement à Paris ; j’aurais tenu à vous renouveler la vive expression de mes sentiments les plus dévoués et qui ne finiront qu’avec ma vie.
X. de Ravignan
1Falloux venait de publier, en deux parties « Le parti catholique, ce qu'il a été, ce qu'il est devenu » (Le Correspondant, avril et mai 1856). Très flatteur à l'égard de Montalembert, véritable défenseur à ses yeux des intérêts de l’Église, l'article de Falloux s'en prenait vivement au « despotisme » de L'Univers et à son illustre rédacteur, L. Veuillot.